Jeudi 01 décembre

Confrontés à une aggravation de la crise en zone euro, les pays membres s’activent depuis plusieurs semaines à trouver des solutions pour enrayer la défiance envers leurs dettes souveraines et leur secteur bancaire. Trois mesures devraient redonner confiance au marché.

Les banques centrales offrent plus de liquidités

Afin d’apaiser les tensions au sein des marchés financiers et les méfiances sur le marché interbancaire, les banques centrales des six principales économies développées (La Fed, la Banque du Canada, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon, la Banque Centrale Européenne et la Banque nationale suisse) ont mis en place des mesures concertées pour prévenir tout manque de liquidités dans le système financier international.

En effet, elles ont convenu d'abaisser d'un demi-point, à compter du 5 décembre 2011, le coût des swaps de liquidité en dollar en cours. Il s’agit du prix auquel une banque commerciale peut acheter des dollars à sa banque centrale (qui les achète à la FED). Jusque là, ce coût était de 100 points de base (en plus du taux de change). Cette action va permettre de résoudre les problèmes de liquidités en dollars des banques commerciales.

Si toutes les banques privées mondiales vont profiter de cette action, celle-ci vise surtout les banques européennes qui souffraient de la méfiance des banques américaines à leur égard. Or les banques européennes sont très exposées au billet vert puisqu'une grande partie de leurs activités s'effectue en dollars (activités d'investissements sur les marchés, prêts aux entreprises pour l'achat de produits comme le pétrole, etc.)

Par ailleurs, les banques centrales ont également décidé de conduire des opérations de financement à trois mois jusqu'à nouvel ordre.

Enfin, elles ont prévu de mettre en place des accords bilatéraux sur les swaps de devises. Ainsi, une banque centrale pourra se refinancer auprès des autres banques centrales. Par exemple, la BCE pourra échanger ses euros contre des yens avec la Banque du Japon, et fournir de la monnaie japonaise aux banques européennes qui en auraient besoin. Même si cette mesure ne semblait pas nécessaire à court terme, c’est surtout une mesure préventive pour que de telles opérations puissent être mises en place rapidement si le besoin s'en faisait sentir.

Annoncé le 30 Novembre 2011, ces mesures ont fait bondir les marchés et surtout les banques européennes. Le CAC a repris 4%, tandis que BNP gagnait 4.5% et Crédit Agricole 8.3%

Le FMI en père Noel ?

Depuis plusieurs jours, la vague croissante de défiance envers les pays de la zone euro n’affecte plus que les PIIGS mais également la France, voire l’Allemagne. Du coup, la position du FESF se trouve fragilisée.

En effet, le Fonds Européen de Stabilité Financière, dont l’objectif est de porter une assistance financière aux Etats-membres, et ce, en cas de difficultés économiques, ne pourra pas être doté d’une force de frappe de 1 000 milliards d’euros. Certains investisseurs, et notamment les Etats-Unis et la Chine, ont fait marche arrière face aux difficultés rencontrées par la France et l’Allemagne pour emprunter. De plus, la France n’est pas à l’abri de perdre son Triple A, ce qui limiterait encore plus la force de frappe du FESF. Dans ces conditions, l'Europe a demandé l’aide du Fonds Monétaire International pour pallier les limites du FESF.

A l’heure actuelle, cette aide ne pourrait pas être suffisante car le FMI ne dispose « que » de 300 milliards d’euros.

Pour que le FMI puisse avoir de manière adéquate la même puissance de feu que le FESF, les ministres des finances européens envisagent d’augmenter rapidement les ressources du FMI via des prêts bilatéraux. Ils lanceraient ainsi un appel aux autres grands pays, contributeurs du FMI, pour qu'ils les aident à résoudre la crise de la dette,

Surtout, ils ont imaginé un tour de passe-passe qui permettrait à la BCE d’intervenir indirectement via le FMI, tout en conservant son indépendance. En effet, le statut de la banque centrale européenne lui interdit de prêter aux Etats. Fermement soutenue par l’Allemagne, la BCE ne veut pas modifier ses statuts, pour ne pas dévier de sa mission officielle qui consiste à juguler l'inflation, et par crainte de voir les gouvernements relâcher leurs efforts budgétaires s'ils ont la certitude qu'elle les aidera quoi qu'il en soit.

Mais cette barrière pourrait être contournée si la BCE prêtait au FMI qui ensuite répercuterait ces fonds vers les Etats européens en difficulté.

Le FMI s’est d’ailleurs dit prêt à aider l’Italie, mais seulement si la BCE contribue d’une manière ou d’une autre

L’Allemagne offrirait une super zone euro avec des euro- obligations d’élite

Alors que l’avenir de la zone euro n’a jamais semblé aussi menacé, la France, l’Allemagne et l’Italie se sont activés récemment pour trouver le 9 Décembre, lors du sommet à Bruxelles, un accord qui devrait permettre à la zone euro de respirer

Cet accord devrait reposer sur deux points : La discipline budgétaire, souhaitée par l’Allemagne, et la solidarité, souhaitée par presque tous les autres pays…

L’Allemagne souhaite modifier le pacte de stabilité de l'euro afin de rendre automatique l'ouverture d'une procédure pouvant mener à des sanctions en cas de déficit excessif et d'obliger un Etat membre à soumettre son projet de budget à Bruxelles. Ce nouveau pacte donnera davantage de moyens de surveillance sur les budgets nationaux aux autorités européennes, quitte à permettre l'envoi de missions sur place. De même, les pays membres ne s'engageront plus seulement sur des trajectoires budgétaires : ils devront s'engager sur des réformes structurelles.

Pour appliquer cette réforme, la zone euro n’aurait pas besoin de modifier des traités. Ce nouveau Pacte de stabilité se fonderait sur des accords bilatéraux, sur le même modèle que l'accord de Shengen sur la libre circulation des personnes.

En contrepartie de la discipline budgétaire, l’Allemagne serait prêt à plus de solidarité. En effet, elle devrait faire un pas vers la création d’euro-obligations. Mais elle souhaite que ces emprunts ne soient lancés que pour le compte des pays notés Triple A. Ce « club de super-européens » serait donc composé de l’Allemagne, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Autriche et la Finlande. Ces « obligations d'élite' permettraient à ces pays de se financer mais aussi de financer les pays en difficultés, comme l'Espagne ou l'Italie, en échange d'un programme d'assainissement.

Enfin, les négociations continuent entre la France, l’Italie et l’Allemagne, sur le pouvoir d’intervention de la BCE. La France et l’Italie souhaitent toujours que le BCE puisse se placer en prêteur en dernier ressort des Etats en difficultés. L’Allemagne, qui continue de s’y opposer fermement, pourrait assouplir sa position si elle obtient ce qu’elle veut le 9 Décembre…

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