Pendant que le géant pétrolier signait un accord en vue de céder sa filiale de distribution de produits pétroliers en Haïti, le retrait des États-Unis des accords en Iran pourrait compromettre le projet d'investissement de plusieurs milliards de dollars de Total dans le plus grand gisement de gaz naturel au monde. Mais Total espère obtenir une dérogation
Cession en Haïti
Total annonce un accord en vue de céder au consortium Bandari Corporation Ltd, sa filiale de distribution de produits pétroliers en Haïti, comprenant un réseau de 92 stations et des activités de commerce de gros de carburants et de combustibles
'Cette cession à des opérateurs locaux s'inscrit dans la stratégie d'optimisation de notre portefeuille d'actifs dans les Caraïbes', a déclaré Isabelle Gaildraud, directeur Amériques de Total Marketing & Services.
L'opération, dont les termes financiers n'ont pas été rendus publics, s'inscrit dans la stratégie d'optimisation du portefeuille d'actifs de Total dans les Caraïbes, a précisé le groupe pétrolier français.
Craintes en Iran
En juillet 2017, Total avait signé avec l'Iran un accord pour développer South Pars, le plus grand gisement de gaz naturel au monde, pour un montant total de 4,8 milliards de dollars, avec un investissement initial de l'ordre d'un milliard de dollars. Le groupe pétrolier était la première des majors pétrolières à signer un contrat en Iran depuis l'accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015.
Mais alors que les Etats-Unis ont annoncé le rétablissement d'une large palette de sanctions concernant l'Iran, la continuité de ce projet est en suspens d'autant que Total avait prévenu que le maintien de cet accord dépendait de la positio de Washington.
Espoir de dérogation
Mais le retrait de Total n'est pas si simple, notamment aux vues des sommes déjà engagées. A l'investissement initial de 1 milliard d'euros s'ajoutent plusieurs dizaines de millions de dollars dans des études et des appels d'offres.
Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a déclaré dans le passé qu'il chercherait à obtenir une dérogation lui permettant de poursuivre ses activités dans le pays en cas de rétablissement des sanctions américaines contre l'Iran. Dans les années 1990, Total avait obtenu une dérogation de ce type pour les projets South Pars 2 et 3 lors de l'application de sanctions américaines à cette même période. Le groupe avait alors fait valoir, comme il pourrait de nouveau le faire aujourd'hui, que ces investissements avaient été réalisés avant l'application de ce régime de sanction.
Si Total n'obtenait pas satisfaction, il pourrait céder le contrôle de South Pars 11 à CNPC qui en deviendrait l'opérateur, selon des sources proches du dossier. Le groupe chinois CNPC détient pour sa part 30% du projet et la compagnie nationale iranienne PetroPars le solde de 19,9%.
Le groupe français a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement dans ce projet, précisant toutefois qu'il se conformerait au droit international.