Les actionnaires de Fortis ont rejeté le deal BNP hier. Au delà du cas Fortis, c'est un événement majeur; c'est la première révolte d'actionnaires contre un plan de sauvetage bancaire
Le rachat de Fortis par la BNP a été rejeté hier dans une ambiance particulièrement chaude
Depuis le début de la crise financière, c'est la première fois que les actionnaires d'une banque se révoltent contre un plan de sauvetage. C'est un événement dont l'importance dépasse les frontières de la France et de la Belgique. Dans tous les pays, tous les actionnaires de banques ont accepté des dilutions massives et des deals à la casse pressés par la menace d'une faillite. Jusqu'à présent, le deal pour les actionnaires existants étaient clairs: soit il ne vous reste rien du tout, soit vous acceptez de voir vos actions perdre 80% de leurs valeurs. Mais les actionnaires de Fortis, parmi lesquels l'assureur Chinois Ping Ang qui s'est déjà bien fait rincer, ont décidé de dire non.
Au risque de provoquer une faillite de Fortis?
Aprés l'échec du rachat, il y a trois scénarios possibles pour le gouvernement Belge: laisser Fortis se débrouiller seul. Cette option est peu probable car Fortis a un bilan qui ne lui permettrait pas de survivre. Nationaliser purement et simplement Fortis. Ou tenter de rénégocier un meilleur deal avec BNP.
La BNP avait déclaré qu'elle retirerait son offre si les actionnaires votaient contre
C'était peut être une posture de négociation. Pour l'instant la BNP a répété que son offre restait valable jusqu'au 28 février. Il faut rappeler que le deal valorise l'action Fortis autour de 1 euro par rapport à un cours moyen de 14 euros un an auparavant et que les actionnaires ont également rejeté la vente de la partie hollandaise de Fortis au gouvernement Hollandais. Toute la Belgique suit l'affaire Fortis au quotidien. C'est devenu une véritable cause nationale. Plus de 7,000 personnes ont assisté à l'assemblée générale, on en attendait 3,000 au maximum. Les actionnaires de Fortis ont pris un pari. Un pari à un euro. Si ils ont eu raison, ils pourront tripler ou quadrupler leur mise, si ils ont eu tort, ils auront tout perdu.
