Il a fallu quelques jours et une déclaration hostile de Jean-Claude Trichet pour que les investisseurs comprennent que la révision du Traité Européen proposait à l'Allemagne introduisait tout simplement la notion de restructuration de la dette d'un pays développé...
Baisse des valeurs bancaires, tensions sur les taux des dettes périphériques, déclarations hostiles de jean claude Trichet: le projet de révision du traité européen fait des vagues
Ce qui s'est passé après le sommet européen est intéressant. On a assisté, ce qui est assez rare, à une mauvaise compréhension du projet présenté par les Allemands et soutenu par les Français. Je voudrais y revenir car c'est essentiel pour les marchés mais également pour l'avenir de l'Europe. Les premières réactions étaient plutôt positives. Les marchés ont cru que l'Union Européenne allait adopter un mécanisme permanent de soutien de la dette des pays européens en difficulté. On a même pensé que l'Allemagne s'était un peu ramollie et éloignée de son orthodoxie financière habituelle.
Et c'est finalement Jean Claude Trichet qui a entraîné une relecture des propositions
Jean Claude Trichet s'est opposé à l'initiative allemande car lui a compris tout de suite de quoi il s'agissait. L'Allemagne ne s'engageait pas du tout à soutenir en toutes circonstances les pays en difficulté. Non. L'Allemagne cherche à imposer la possibilité dont on parle depuis des mois de restructuration de la dette des pays en difficulté. En fait quand on y regarde de plus près, le projet consiste en cas de nouvelles difficultés d'un pays européen à faire porter une part du poids aux prêteurs. Si demain l'Irlande était en difficulté, l'Europe ne volerait pas forcément à son secours. L'Irlande pourrait annoncer à ses emprunteurs qu'elle prolonge unilatéralement la durée de ses emprunts et qu'elle pourrait même suspendre le paiement de ses intérêts. C'est ça une restructuration de la dette
Cela explique l'envolée des taux irlandais et portugais hier
Les taux irlandais ont atteint leur niveau record par rapport aux taux allemands, et les taux portugais ont monté malgré l'adoption d'un plan d'austérité. Après quelques heures de battement, le marché a compris que pour la première fois on envisageait qu'un pays développé puisse restructurer sa dette. Il était temps.