Mercredi 02 mars

Le pétrole tutoie ses sommets de 2008. Le brent s’est envolé de 40% en six mois pour culminer à 117$. Idem pour le WTI qui s’échange à plus de 100$ le baril. Il n’en fallait pas plus pour que l’intelligentsia économique s’inquiète des répercutions de la flambée des cours sur la reprise économique mondiale. Certains analystes, tels que Nomura, agitent le chiffon rouge, prédisant un baril à 220$au cours de l’année. Pour tenter d’y voir plus clair, une question simple mérite d’être posée. A partir que quel prix le baril peut-il peser sur la croissance ?

Si on se cantonne à la valeur absolue, difficile de dire si un baril qui se paye 115$ pénalise ou non la croissance économique mondiale. En revanche, la part que les Etats consacrent à leurs dépenses énergétiques dans leur production globale est un indicateur plus pertinent. Plus précisément, le ratio dépenses en pétrole sur PIB mondial, (évalué à 66 000 milliards de dollars), ne doit pas excéder les 5.5%. Car si le ratio dépasse la barre fatidique des 5.5%, la croissance économique entre dans une zone de pression. Selon les spécialistes du secteur, pour que les cours du pétrole ne pèsent pas sur la croissance, le baril devrait se maintenir entre 80 et 85$ au cours des deux prochaines années, soit 20$ en dessous des cours actuels.

Dès lors, si l’or noir devait se maintenir à ce niveau, quelles seraient les conséquences sur la reprise économique ? Selon Nigel Gault, l’économiste en chef d’un bureau d’analyse, « une hausse de 10$ du baril amputerait la progression du PIB de 0.2% aux Etats-Unis, et supprimerait 12 000 emplois ». Or, la croissance reste faible outre-Atlantique, et le taux de chômage reste le point noir de la reprise. Ben Bernanke, dans son discours devant le Sénat le reconnaît lui-même : « La reprise ne sera pas solidement ancrée tant qu’elle ne s’accompagnera pas de robustes créations d’emplois ». Et il faudra encore des années pour que les Etats-Unis récupère les quelque 8,7 millions d'emplois qu'ils ont perdu à cause de la crise.

D’autre part, un pétrole cher ravive le spectre de l’inflation. Car ces niveaux de cours élevés, s’ils devaient s’inscrire dans la durée, menaceraient la stabilité des prix, notamment par le biais des importations incompressibles.

Elle menace déjà les pays émergents, et pointe le bout de son nez en Europe. En témoigne le constat selon lequel les prix à la production dans la zone euro au mois de janvier ont enregistré leur plus forte augmentation en 29 ans. En augmentant de 1,5% par rapport à décembre, les prix marquent leur plus forte progression en base mensuelle depuis janvier 1982. Au cours de l’année 2010, ils se sont envolés de 6,1%. Un bond alimenté par la hausse des prix de l'énergie, qui ont augmenté de 3.2%, leur plus forte hausse depuis juillet 2008. Toutefois, la percée de l’inflation n’est pas imputable qu’au pétrole cher. Même hors construction et énergie, les prix à la production dans l'industrie ont monté de 0,8%, enregistrant ainsi leur plus forte hausse en 16 ans.

Face à ce spectre inflationniste, Jean-Claude Trichet pourrait être incité à revoir plus tôt que prévu la conduite de la politique monétaire, à commencer par durcir sa rhétorique anti-inflation qui suggérerait une prochaine une hausse des taux. D’ailleurs, les anticipations de durcissement de politiques monétaires ont propulsé la monnaie unique jusqu’à 1.3890 face au dollar en séance.

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