On savait que le G20 finances n'aboutirait à rien mais on n'imaginait pas qu'il inciterait finalement la spéculation à agir en toute liberté. En demandant à ce que les cours des changes soient fixés par les marchés sans intervention des banques centrales et en sachant que le yuan lui est contrôlé et que le dollar ne l'est plus du tout, le G20 vient de donner un signal fort aux marchés.
Le G20 des finances a fait une déclaration déterminante sur la guerre des changes. Et je pense même qu'il vient en deux jours de donner le signal pour que cette guerre des changes devienne une guerre totale car loin de condamner les excès des dernières semaines ou de prévoir des mesures contre les sous évaluations et les surévaluations excessives de certaines devises, il propose de s'en remettre uniquement aux forces de marchés.
En quoi est ce une incitation à la poursuite de la guerre des changes?
C'est simple. Le yuan lui n'est pas soumis aux forces de marchés puisque son cours est contrôlé. Donc rien à attendre de ce côté-là. Le G20 a demandé implicitement aux pays de ne pas intervenir pour fausser leurs cours, c'est-à-dire qu'en théorie, les banques centrales des pays émergents mais également la banque centrale du Japon ne devraient plus intervenir pour tenter de limiter la hausse de leurs monnaies. Du coup, la parole est au marché qui va donc continuer à faire chuter le dollar, et faire exploser le yen, l'euro, et les monnaies des pays émergents comme il l'a fait pendant les derniers mois.
Qui a obtenu gain de cause à ce G20 finances?
La Chine, les États-Unis qui vont pouvoir dévaluer le dollar, et les fonds spéculatifs. Pas étonnant que le Brésil ne se soit même pas donné la peine de se déplacer. Et le Japon a du se demander ce qu'il faisait là. Ce communiqué du G20 a un petit accent munichois. Il entérine l'incapacité des politiques à agir et délègue la gestion des cours de change à la spéculation. Accrochons nos ceintures, la guerre des changes ne fait que commencer.