Ca y est. Ca lui reprend. On croyait que Jean Claude Trichet avait changé. Qu'il s'intéressait plus à l'économie qu'à jouer les Allemands avec son obsession de l'inflation mais il a retrouvé ses vieux démons. Résultat: hausse des taux en Avril alors que l'économie Européenne rebondit de façon fragile.
Hausse des taux annoncée par la Banque Centrale Européenne pour le mois d'Avril
Jean Claude Trichet a surpris tout le monde. On s'attendait à ce qu'il tienne un discours très ferme sur l'inflation, qu'il évoque la possibilité d'une hausse des taux dans les mois qui viennent mais certainement pas qu'il annonce une hausse de 0.25% en Avril. Cette hausse, certes symbolique, un quart de point c'est peu, va relancer les débats et probablement les tensions entre la BCE et les gouvernements. Le débat, on le connait. On reproche à la BCE de privilégier le combat contre l'inflation plutôt que le combat pour la croissance. De fait, alors que les tensions sont plus importantes en Angleterre et aux Etats-Unis qu'en Union Européenne, c'est la BCE qui dégaine la première pour remonter les taux
Est-ce ce n'est pas normal de réagir à la hausse de l'inflation ?
On assiste une fois de plus dans l'Union Européenne à l'application pure et dure du modèle allemand. Un modèle obsessionnel de l'inflation pour des raisons historiques. Mais cette hausse des taux est absurde. Pour deux raisons. La première c'est qu'augmenter seuls ses taux alors que les autres pays développés et surtout les Etats-Unis ne le font pas c'est perdre en compétitivité, notamment par les cours de changes et on l'a vu avec la hausse de l'euro hier. Mais surtout ce qui provoque l'inflation aujourd'hui ce n'est pas la surchauffe de l'économie, ou une hausse de l'endettement des entreprises ou des ménages mais la hausse des matières premières due en partie par un excés de liquidités dans le marché.
Augmenter les taux c'est lutter contre l'excès de liquidités?
Non. Augmenter les taux pénalise l'économie réelle, celle qui n'arrive pas à rebondir, alors que la BCE continue à alimenter les banques à des taux préférentiels ou encore à injecter de l'argent qui va directement dans le circuit de la spéculation en achetant des emprunts d'Etat sur les marchés. Jean Claude Trichet a repris son costume de Don Quichotte Allemand de l'inflation à une période où l'économie européenne n'arrive toujours pas à redécoller.