Mercredi 07 décembre

L'année 2016 aura eu son lot de surprises sur les marchés. Brexit, élection de Donald Trump, référendum italien etc., tous ces événements auraient dû mettre les indices à rude épreuve.. Il n'en est rien. Bien au contraire. Le CAC40 est actuellement sur ses plus hauts de l'année, aux portes des 4700 points tout comme la cote américaine qui enchaîne les records.. De quoi déconcerter plus d'un petit porteur. Dans ce contexte, le capital-investissement ou le non-coté,"commence à se faire une entendre comme une classe d'actifs à part entière". Retrouvez l'analyse sur le capital-investissement de Xavier Anthonioz, Président du directoire d’123Venture, société de gestion indépendante avec 1,2 milliard d'euros investis dans le capital-investissement et l'immobilier..

MonFinancier : Le capital-investissement ressort comme une alternative intéressante aux yeux des investisseurs qui acceptent en contrepartie le « temps long comme une alternative à des marchés boursiers volatiles ? Le non coté a-t-il donc la cote ?

Xavier Anthonioz : Cela fait déjà une dizaine d’années que le capital-investissement (ou « non coté ») commence à se faire entendre comme une classe d’actifs patrimoniale à part entière pour les investisseurs privés. La conjoncture récente lui a ajouté l’attrait de l’alternative aux classes d’actifs traditionnelles, souvent décriées pour leur volatilité ou leur faible rendement. Nous avons été parmi les premiers en 2001 à faire le pari de rendre accessible aux investisseurs privés cette classe d’actifs, historiquement réservée aux grands investisseurs institutionnels. Le pari est gagné aujourd’hui puisque avec 1,7 milliard d’euros investis en 2015, les investisseurs personnes physiques représentent 18% des levées de fonds de capital-investissement en France, devant les banques et les compagnies d’assurance.

MF : Le manque de liquidité ne fait donc plus peur aux souscripteurs ? Est-ce la quête d’un rendement honorable dans un contexte de faiblesse des taux qui lèverait ces inhibitions ?

X.A : La moindre liquidité est inhérente au non coté. Il s’agit d’une épargne longue qui s’adresse à des investisseurs privés déjà bien équipés en placements traditionnels et qui recherchent une diversification supplémentaire. Avec le recul, les investisseurs des premiers millésimes de Fonds lancés il y a une dizaine d’années ont compris leur mode de fonctionnement. La plupart de ces Fonds ont aujourd’hui rendu la totalité de leurs capitaux et sont clos. C’est un facteur important qui montre aux investisseurs que « ça marche » et que l’illiquidité des Fonds n’est pas éternelle. Un autre facteur tient en effet de la conjoncture. Les rendements des actifs traditionnels plus « liquides » sont aujourd’hui à des taux très faibles, voire nuls. Le capital-investissement ressort comme une alternative intéressante aux yeux des investisseurs qui acceptent en contrepartie le « temps long » de l’investissement qui doit s’envisager sur 6 à 8 ans.

MF : Quel est le poids du capital investissement en France ? Dans quelle mesure contribue-t-il au développement d’entreprises ? Estimez-vous que ce marché est désormais arrivé à maturité ?

X.A : La France est le deuxième marché européen du capital-investissement, derrière le Royaume-Uni. Les levées de fonds atteignent aujourd’hui 10 milliards d’euros par an, soit autant de capitaux qui sont ensuite investis dans nos entreprises. C’est considérable mais loin d’être un record. A titre de comparaison, le capital-investissement britannique déploie annuellement 20 milliards d’euros, le double de la France. Mais ce qui est intéressant de constater c’est la dynamique dans laquelle le capital-investissement français s’inscrit. Car le besoin de financement des entreprises est réel. Chaque année, le capital-investissement français finance quelque 1.600 PME et TPE. Les résultats de ces sociétés sont plutôt flatteurs et sont la preuve de la résistance des entreprises qui disposent des ressources nécessaires en fonds propres et qui bénéficient de l’expertise et du support d’actionnaires professionnels du capital investissement. Avec l’augmentation constante du poids des investisseurs privés dans cette classe d’actifs, ce marché dispose d’un potentiel de croissance énorme. D’autant plus qu’avec un encours de près de 1.600 milliards d’euros en assurance vie, l’épargne française dispose d’une capacité de transformation conséquente.

MF : Vous êtes leader du marché, quels avantages ce positionnement vous confère-t-il ?

X.A : Dans notre métier d’investisseur, il y a une réelle prime à la notoriété afin d’attirer les meilleurs dossiers d’investissement. La capacité à investir ses capitaux dans des projets de qualité est un critère souverain aujourd’hui, bien plus que la capacité à réaliser la plus grosse levée de fonds. Notre expérience de plus de 15 ans dans le secteur nous a permis d’être identifié en tant qu’acteur de référence du financement des petites et moyennes capitalisations en France. Depuis 2001, nous avons déployé plus d’un milliard d’euros au capital de 200 entreprises. Nous avons aujourd’hui un réseau de partenaires, d’entrepreneurs et de professionnels du secteur qui nous sollicitent régulièrement pour financer des projets. Nous sommes réputés être un acteur solide et pérenne ce qui rassure les entrepreneurs qui ont besoin de partenaires financiers sur le long terme.

MF : Quels sont vos critères de sélection ? Quels secteurs affectionnez-vous tout particulièrement ? Y-a-t-il des secteurs qui sont à privilégier pour effacer son ISF par exemple ?

X.A : Il n’y a pas de bon ou de mauvais secteur. C’est pourquoi nous n’avons pas de prisme particulier et que nous nous positionnons comme un investisseur multi-spécialiste. Nous sommes en permanence à l’écoute de notre environnement et nous nous intéressons à tous les secteurs afin d’y trouver la bonne opportunité. Néanmoins, nous conjuguons toujours analyse structurelle et conjoncturelle. C’est pourquoi nous avons aujourd’hui un focus conjoncturel sur les actifs de rendement car c’est ce que nous demandent nos clients depuis 2008 : privilégier le rendement avec une prise de risque modérée plutôt que la recherche de performance. Ainsi, nous avons développé une forte expertise dans les secteurs du tourisme (hôtels, restauration, loisirs), des seniors (EHPAD, résidences), de la santé (laboratoires, pharmacies,…), de l’immobilier, des infrastructures ou encore du financement d’actifs (hélicoptères, moteurs d’avions…). En parallèle, nous recommençons également à investir dans l’innovation et les nouvelles technologies depuis début 2015 car nous ressentons un retour de l’appétence de quelques investisseurs pour le risque. L’émergence de champions français comme Criteo n’y est sans doute pas pour rien d’ailleurs !

MF : Vous avez une certaine expérience des introductions en Bourse… Pensez-vous avoir le prochain Criteo, que vous avez d’ailleurs accompagné dans son développement, en portefeuille ?

X.A : Je l’espère sincèrement ! Nous avons accompagné Criteo depuis ses débuts en 2006 avant de l’introduire sur le Nasdaq en octobre 2013, sur une valorisation de 2 milliard de dollars. Nos Fonds, et donc nos clients, ont réalisé au passage un multiple remarquable de 70x la mise. Il faut toutefois garder les pieds sur terre. Des aventures entrepreneuriales comme Criteo cela n’arrive pas tous les ans. Toutefois, sans entrer dans le niveau de performance de Criteo, nous attendons de belles sorties dans les portefeuilles de nos Fonds dans les mois à venir. Récemment, nous avons par exemple cédé notre participation dans la société Solairedirect à Engie pour un multiple de 5,5x la mise.

MF : L’investissement dans le non-coté est-il accessible à tous ? Comment justifiez-vous vos frais de gestion qui peuvent avoisiner dans certains cas les 4% et ne risquent-ils pas d’obérer vos performances ?

X.A : Accessible à tous, sans hésitation. La seule condition est d’accepter de bloquer son épargne à moyen terme, c’est-à-dire 6 à 8 ans. Il ne faut donc pas y allouer plus de 5 à 10% de son patrimoine financier. Rendre le non coté accessible c’est d’ailleurs notre credo depuis 2001 : proposer une solution dans le non coté à tous les investisseurs, qu’ils souhaitent investir 1.000 ou 1.000.000 d’euros. Sur la question des frais, une société de gestion comme 123Venture nécessite beaucoup plus de capital humain qu’une société de gestion traditionnelle qui investi sur des marchés cotés. Ce sont des métiers différents et les coûts liés à son fonctionnement sont donc d’autant plus élevés. En effet, le processus d’investissement est plus long et nécessite de recourir à des audits approfondis. De plus, nos gérants suivent de très près les participations de nos Fonds. Pour bien faire leur travail, ils ne peuvent pas suivre plus d’une dizaine de participations chacun. C’est donc une gestion qui coûte plus cher. Enfin, concernant les performances de nos Fonds, nous communiquons toujours sur des performances nettes de frais. Ainsi, lorsque notre FCPI 123MultiNova IV affiche une performance hors avantage fiscal de + 116,91% (x 2,16) depuis l’origine au 30-09-2016, il s’agit de la performance après frais.

MF : Le crowdlending/funding est à la mode, ne concurrence-t-il pas les FIP, FCPI classiques ou bien est-il à vos yeux complémentaire ?

X.A : Les plateformes de crowdfunding permettent à des investisseurs de financer des PME de manière autonome et sélective. L’investisseur doit choisir lui-même les dossiers dans lesquels il souhaite investir. Pour les entrepreneurs, cela répond à leur problématique de diversification de leurs sources de financement. Ces plateformes ont en quelque sorte aujourd’hui pris le relais des traditionnels business angels. Elles se positionnent sur des dossiers de financement de taille plus réduite pour des PME jeunes et donc plus risquées. A l’inverse, nous allons nous positionner dans le cadre de la gestion de nos FIP et FCPI sur des dossiers de taille plus importante, de PME matures et bien établies sur leur marché. En ce sens nous sommes complémentaires car nous constituons l’un et l’autre un maillon dans la chaîne du financement des PME. De plus, le besoin de financement des PME aujourd’hui est tel qu’il y a de la place pour tout le monde.

MF : L'instabilité fiscale également est perçue comme un frein de poids aux yeux des investisseurs potentiels ? Quel conseil donneriez-vous à une personne encore frileuse sur un potentiel investissement ?

X.A : Les modifications fiscales avec effet rétroactif sont assez rares. Un investissement doit donc être considéré en rapport avec le dispositif fiscal actuel. D’autre part, si suppression de l’ISF il y a, celle-ci n’interviendra pas avant 2018. Un investisseur souhaitant investir pour réduire son ISF en 2017 peut donc le faire en toute sérénité avec le dispositif en vigueur à ce jour.

MF : Pourquoi est-il judicieux d’investir en fin d’année ?

X.A: Cela est judicieux à deux égards. Tout d’abord, cela permet de sortir de son assiette taxable à l’ISF le montant de son investissement dans un FIP ou un FCPI, qui ne rentrera donc pas dans le calcul de l’impôt à payer en 2018. Enfin, nous proposons chez 123Venture d’investir dans le FIP 123France Opportunités II, constitué en décembre 2015. Le Fonds a déjà un an d’existence et les investisseurs peuvent donc bénéficier d’une durée de vie plus courte pour leur investissement.

Propos recueillis par Sabrina Sadgui

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