Mercredi 04 avril

Miné par des années de récession, le Brésil tente petit à petit de sortir la tête de l’eau. Pour 2017, la croissance brésilienne est attendue en légère hausse de 0,4%. Pas question pour autant de crier victoire. La première économie d’Amérique Latine est confrontée à une situation politique bien agitée et pourrait, en tant que grand pays exportateur, pâtir des nouvelles mesures protectionnistes de Donald Trump.

Entre corruption et convalescence

Le Géant d’Amérique Latine doit se reconstruire tant sur le plan économique que politique… Si l’économie brésilienne avait bien surmonté la crise financière de 2008, notamment grâce à ses nombreuses exportations vers l’Asie, c’est cette même exposition qui l’a pénalisée sur les dernières années. Le Brésil a été confronté à l'une des pires crises économique e de son histoire, en raison de la chute des cours des matières premières tels que le soja ou le pétrole. Ainsi, ce pays de plus de 200 millions d'habitants a vu sa croissance chuter de 3,8% en 2015, soit le plus fort recul en 25 ans et de 3,6% en 2016. Résultat des courses: pour la première fois depuis les années 1930, la neuvième économie mondiale a ainsi enregistré deux années consécutives de récession. On est très loin des 7,50% de croissance spectaculaire observée en 2010.

Les finances publiques restent dans un état plus que critique avec un déficit public s’est envolé à un niveau record de 10,2% du PIB et la dette culmine à 73% de la richesse brésilienne en juin 2017. Elle pourrait même tutoyer les 90% du PIB en 2022, selon le FMI. Une dégradation qui n’a pas échappé à S&P. En janvier dernier, l’agence de notation a abaissé la note du Brésil à « BB-» , soit un cran précédant la catégorie considérée comme « très spéculative ». Elle a justifié sa décision par la dette croissante et l'instabilité politique.

Pour l’année écoulée, l’économie du Brésil devrait mettre fin à sa spirale récessionniste avec un PIB en hausse de 0,4%. Une reprise qui a été alimentée en début d’année 2017 par de bonnes récoltes et des exportations dynamiques et un trimestre plus tard par un redémarrage de la consommation des ménages. Si l’espoir est permis sur un reprise de l’économie auriverde, le climat politique délétère pèse encore sur la confiance des investisseurs. En 2014, le scandale Petrobras, du nom du géant pétrolier brésilien a provoqué un séisme politique dont le pays ne parvient toujours pas à s’en remettre. Un scandale qui est pourtant parti d’une banale affaire locale de blanchiment d’argent et qui au fil de l’enquête, a mis à jour un vaste réseau de corruption, mêlant de nombreuses personnalités politiques. Dont l’ancien président Lula et Dilma Rouseff, écartée du pouvoir en 2016.

L’actuel président Temer a mené de nombreuses réformes pour restaurer la confiance, quitte à prendre des mesures impopulaires mais ô combien nécessaires. A l’été 2017, il a lancé un vaste programme de concessions et privatisations d’actifs publics, qu’entend poursuivre en étendre en 2018. Avec au bout du tunnel, une croissance attendue en hausse de 2% voire un peu plus cette année…

La Bourse de São Paulo : après le rebond, la correction ?

Et de deux ! La Bourse de São Paulo a réalisé la passe de deux en 2017 avec une performance à deux chiffres de 26,8% après un bond de 38,9% en 2016. La nette hausse de l’indice vedette brésilien a été alimentée par la nette reprise des prix du pétrole mais aussi par la sortie de récession du Brésil. Mais l’année 2018 devrait être marquée par une volatilité des marchés auriverdes en raison des incertitudes politiques dans la première économie d'Amérique latine.

Fondée en 1890, la Bourse de Sao Paulo est la principale place financière brésilienne dont la création a résulté d'une fusion de toutes les bourses brésiliennes régionales. L’indice de la Bourse de São Paulo est le IBovespa qui est composé d'environ cinquante des valeurs les plus traitées sur le marché de Sao Paulo, et compte dans ses rangs des géants tels qu’Ambev, la filiale du groupe brassicole Belgo-Brésilien Anheuser-Busch InBev, leader mondial de la production de bière. La première capitalisation de l’indice est suivie par deux banques : Itau Unibanco, et Banco Bradesco, la deuxième plus grande banque privée du Brésil.

Petrobras, la première entreprise du pays reste toujours dans la course. Et pourtant, le géant pétrolier est au cœur du plus vaste scandale de corruption de l'histoire du Brésil, qui a mis en cause bon nombre d’élus brésiliens et qui a provoqué la chute de Dilma Rousseff en 2016. Le groupe a vu son cours tripler depuis le début de l’année 2016, soutenu par la reprise des cours des matières premières mais aussi par le lancement d’un vaste programme de cessions d'actifs pour tenter de sortir de trois années de lourdes pertes. Il faut dire que Petrobras avait vu son cours tomber jusqu’à 5 réals début 2016, plombé par la chute du prix de l’or noir.

On peut également citer Vale, la multinationale minière et aussi l'un des plus grands opérateurs logistiques du Brésil. Fondé en 1942 à Itabira par des capitaux publics, Vale est devenu leader dans la production et l'exportation du minerai de fer et a vu son action gagner près de 60 % en 2017, après avoir plus que doublé en 2016 (128,99 %). La hausse des cours des matières premières y est grandement pour cette belle remontée des cours.

Vale et Petrobras représentent à elles seules plus de 25% de l'indice, ce qui fait du Bovespa un indice relativement cyclique aux mouvements de grandes ampleurs comme on a pu le voir en 2015, année noire pour la Bourse auriverde. A l’inverse, ces deux valeurs ont soutenu l’indice vedette sur les années 2016 et 2017.

Toutefois, l’euphorie risque de retomber comme un soufflé, en raison des inquiétudes des marchés sur la réforme des retraites que tente de passer le gouvernement pour sauver les finances publiques du Brésil. Autre élément d’incertitude et non des moindres pour les investisseurs, la tenue des élections présidentielles d'octobre 2018. Et pour l’instant, aucun candidat n’a les faveurs des investisseurs. L’année 2018 risque donc d’être sportive pour un Brésil où le ballon rond est roi.

Trois chiffres

1er économie d’Amérique Latine et 9ème mondiale

Un pays qui fait 15 fois la France

38,9% : performance du marché boursier en 2016

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