Mardi 24 mai

La crise des dettes souveraines s’aggrave. Après la dette de la Grèce reléguée « en junk bonds », Standard & Poor's a abaissé à « négative » la perspective de la note de l'Italie. Hier, c’était au tour de la Belgique de faire les frais de l’humeur d’une autre agence de notation et de voir la perspective de sa note abaissée par Fitch, qui s'est inquiétée de la persistance de la crise institutionnelle dans le royaume. Enfin, le camouflet du gouvernement socialiste espagnol aux élections municipales traduit un mécontentement des populations européennes face aux plans de rigueurs. Une contestation sociale croissante qui pourrait peser sur la capacité des Etats à engager des réformes impopulaires pour atteindre leurs objectifs de réduction des déficits publics.

L’autre élément négatif pour les marchés est toujours l’absence d’une véritable gouvernance économique à l’échelle de la zone euro. Le consensus au sein de l’Europe, notamment sur le cas grec, manque cruellement car il nourrit l’incertitude. Le « coût » pour le secteur privé d’une hypothétique « restructuration » de la dette grecque reste d’ailleurs inconnu.

La situation politique reste tendue ce qui pousse l’euro au plus bas depuis deux mois face au dollar, rattrapé par la peur du risque systémique. Tant est si bien que certains économistes parlent d’une mutation de la crise des dettes souveraines en crise de l’euro. La peur de voir le secteur financier de nouveau fragilisé s’est renforcée hier, car l’hypothèse d’une contagion systémique se diffuse. Les banques et assureurs, courroie de transmission de la crise, détiennent beaucoup d’emprunts d’Etats, mais personne ne sait combien. La peur de voir le secteur financier paralysé, incapable de jouer son rôle a ressurgi hier, en témoigne le « CDS » des banques, l’indice Itraxx qui a bondi pour renouer avec ses plus hauts de deux mois.

Pourtant, pendant que l’Europe se préoccupe des conséquences d’une restructuration de la dette grecque sur la stabilité de la zone euro, une bombe à retardement se cache ailleurs, au cœur du système, dans les comptes de la BCE. En effet, depuis le début de la crise financière, des banques commerciales dans des pays comme l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et la Grèce ont transféré des risques, aux banques centrales, qui pesaient sur leurs bilans, ou plutôt des créances que l’on qualifierait pudiquement de calamiteuses, s'élevant à plusieurs centaines de milliards d'euros.

Les banques centrales ont du ouvrir en grand les vannes du crédit pour enrayer la crise bancaire, renflouer les institutions financières de leurs pays et empêcher l'effondrement du système. La BCE a du accepter en garantie des créances pourries, telles que les ABS (asset-backed securities) précisément la même classe d'actif qui a déclenché la crise immobilière aux États-Unis. Au début de l'année, ces titres s’élevaient à 480 milliards d’euros et dorment encore dans le bilan à la BCE.

Pourtant, la Banque centrale européenne à Francfort n’accepte pas n’importe quels actifs. Elle maintient une liste "d'actifs éligibles," une sorte de label pour les titres. Chaque banque majeure dans la zone euro doit détenir ce genre d’actifs surs, comme des obligations d'État, au risque d’être exclu du marché de capitaux. Selon le Spiegel, il y aurait actuellement dans les comptes de la BCE une valeur totale 14 trillions d’euros. Pour maintenir les risques dans la limite du raisonnable pour les banques centrales, certaines des coupes sur des titres sont très élevées, comprenant une hausse de 69.5 % de la valeur d'un titre. Autrement dit, même le Président de BCE, Jean-Claude Trichet ne prend pas la mesure des risques qui pèse sur le bilan de la banque centrale. Voila aussi pourquoi le président de la BCE est monté au créneau devant la perspective d’une restructuration de la dette grecque avec une virulence presque suspecte. Ce ne peut être pas tant le principe qui le gêne, que la conscience que la BCE serait elle-même durement impactée par un « haircut ».

Personne ne sait et ne veut savoir à quel point le secteur bancaire européen est exposé aux pays menacés d’une crise souveraine, Irlande, Portugal, Grèce et Espagne. Mais selon la Bundesbank, les dettes cumulées des trois pays ayant obtenu un plan de sauvetage devraient atteindre 340 milliards d’euros d’ici 2013. Un montant déjà supérieur à la capacité de prêt du FESF, pour trois nains économiques. Exclus du système, ces pays ne parviennent plus à rassurer les marchés quant à leur capacité à rembourser. Les opérateurs exigent des taux d’intérêt prohibitifs, qui exclut de fait ces pays, désormais incapable de lever de l’argent sur les marchés financiers. Les institutions européennes doivent prendre le relai des marchés pour éviter la contagion et le risque systémique. La BCE, le FMI, le FESF, puis le MES qui prendra le relais en 2013, sont contraints d'injecter toujours plus d'argent pour ne pas mettre en péril le système…jusqu’à ce que le château de cartes ne s’écroule.

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