On sent que la tension monte. Et qu'après la trêve de la fin d'année, l'Espagne ne pourra pas éviter les attaques des marchés. L'Union Européenne a décidé de ne rien faire a priori pour éviter cela...
L'Espagne est à nouveau au centre des préoccupations des investisseurs
Ne vous y trompez pas. L'Espagne sera LE sujet du début d'année 2011. Les traders et les spéculateurs vont sûrement marquer une petite pause pour la fin d'année, mais dés le 3 janvier ils vont fourbir leurs armes pour se préparer pour la bataille d'Espagne. Hier c'est l'agence de notation Moody's qu a annoncé qu'elle envisageait une probable nouvelle dégradation de la note de l'Espagne. Pour Moody's l'Espagne est pris en tenaille. Elle doit lever 300 milliards d'euros l'année prochaine. Pour attirer les investisseurs, il faudra des taux plus élevés mais si les taux sont plus élevés, le déficit espagnol dérapera encore plus et elle aura encore plus de mal à lever de l'argent. Le cercle vicieux absolu.
S/ Cette annonce est mal tombée puisque l'Espagne doit lever aujourd'hui de l'argent
MF: Oui. L'Espagne doit faire son dernier emprunt de l'année. 3 milliards d'euros à 10 ans et à 15 ans. Elle a du réduire la taille de l'emprunt d'un milliard compte tenu des conditions de marché. L'Espagne va y parvenir mais devra payer le taux fort. Au dessus de 5.50%. Le niveau le plus haut depuis des années.
S: Vous êtes persuadé que l'Espagne sera attaquée au début de l'année
MF: Oui. La taille actuelle du fonds de soutien européen ne permet pas un sauvetage de l'Espagne et l'Allemagne n'a plus envie de payer pour garantir les investisseurs privés à chaque fois qu'un pays est en difficulté. Pour les traders et les hedge funds, une attaque en règle contre l'Espagne permet de gagner sur deux tableaux. Sur le marché obligataire espagnol bien sur, mais également sur la baisse de l'euro. Car un vrai dérapage de l'Espagne peut amener l'euro à 1.20 voire plus bas. L'Union Européenne en choisissant toujours la stratégie d'intervenir a posteriori au lieu de tenter d'éviter les problèmes a priori, a ouvert la porte à la spéculation. L'Espagne doit bien profiter des fêtes de fin d'année car le retour à la réalité va être rude. Très rude.
