Mercredi 04 juillet

La Chine s’est engagée dans un bras de fer avec les Etats-Unis sur la question des droits de douane. Pour l’instant, Pékin réplique uniquement à chaque banderille plantée par Donald Trump. Mais devant les craintes d’un franc ralentissement de sa croissance économique, l’Empire du Milieu pourrait changer la donne. Le pays accuse en effet un violent coup de frein de ses exportations vers les Etats-Unis sur l’ensemble du premier semestre. Le temps béni d’une croissance exponentielle est-il définitivement derrière la Chine ?

Le géant aux pieds d’argile

Dès 1979, sous l’impulsion de Deng Xiaoping, la Chine s’engagea dans un capitalisme d’État pragmatique, sans renoncer cependant au contrôle de l’économie par le parti. L’élément le plus marquant est l’ouverture aux capitaux et aux technologies étrangères, via la création de zones économiques spéciales. Ces zones à statut spécial accueillent des entreprises étrangères pour faire travailler la main-d’œuvre dans des conditions très favorables et bénéficier d’une fiscalité très réduite. Un immense marché s’ouvrait, de quoi leur permettre de retrouver la croissance et les profits qui leur faisaient de plus en plus défaut.

Les investissements étrangers sont vite arrivés, et de plus en plus massivement à partir de la décennie 1990. La Chine s’est imposée comme la destination privilégiée des délocalisations faisant du pays « l’usine du monde. » La part de la Chine dans le commerce mondial passe alors de 3% à plus de 11 % actuellement grâce à des salaires aux rabais, à des investissements massifs et à la décision du gouvernement d’arrimer le yuan sur le dollar. Des ingrédients qui ont permis à l’Empire du Milieu de devenir le premier exportateur mondial et ainsi d’entrer dans la cour des grands avec son intégration dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Les entreprises chinoises sont désormais des acteurs de premier plan dans de nombreux secteurs (énergie, électronique, ferroviaire, solaire, éolien par exemple). En quelques décennies, la Chine est passé d’une économie planifiée et quasiment autarcique à une économie de marché ouverte sur les marchés mondiaux.

Tout au long des dix dernières années, le « made in China » a littéralement envahi les rayons du monde entier, ce qui lui a permis de régulièrement dépasser les 10% de croissance sur la période. Reste qu’actuellement des menaces planent sur le rythme de la hausse du PIB chinois. Les indices macro-économiques concernant l'économie chinoise témoignent de certaines turbulences. La Chine a connu en mai un ralentissement de la production industrielle et un net essoufflement des investissements et de la consommation. Des signes inquiétants alors qu'elle s'efforce d'être moins dépendante que naguère de son commerce extérieur. Par ailleurs, Pékin bat campagne depuis deux ans, contre le recours excessif à l’endettement notamment de la part des entreprises privées. Ce sevrage, certes progressif, devrait encore peser sur l’activité économique. De nombreux moteurs du PIB chinois risquent d’être à l’arrêt, les infrastructures et l’immobilier en tête car hautement dépendants du recours au crédit.

Le FMI a d’ores et déjà tablé sur un ralentissement de la croissance économique du géant asiatique. Elle devrait s’essouffler à 6,6% en 2018 et 6,4% en 2019, une baisse sensible par rapport à 2017 où la croissance tutoyait les 7%.

Une bourse bicéphale

La Chine a deux places boursières, une principale à Shanghai, et une plus petite à Shenzhen. L’indice Shanghai Shenzhen 300 se compose des 300 premières entreprises cotées en Chine. Les bourses chinoises sont séparées en un compartiment des actions A (à l’origine réservé aux nationaux) et un compartiment des actions B (à l’origine réservé aux étrangers et aujourd’hui plus ou moins abandonné des investisseurs). L’État maintient un tel contrôle que la majorité des sociétés cotées sur ce marché, pour la plupart des leaders de leur secteur, sont également cotées à la Bourse de Hong-Kong.

Le marché boursier chinois est caractérisé par une domination des investisseurs particuliers. 99% des investisseurs sur la bourse chinoise sont des particuliers. Et beaucoup d’entre eux ont eu recours aux « effets de levier » et se sont endettés auprès des maisons de courtage pour acheter des actions. Et de nombreux ménages ont été surpris par la brutale chute des cours de la bourse chinoise durant l’été 2015…

Parmi ces entreprises, le secteur financier et bancaire est très présent. D’ailleurs, il pèse plus du tiers de l’indice, avec en tête Ping An Insurance (Group) Company of China ou littéralement : « La Paix de Chine », est une holding chinoise dont les filiales ont des activités dans la banque et l'assurance. Selon le classement « S&P Global Market Intelligence », l'Empire du milieu représente désormais un cinquième des plus importantes banques mondiales et un total de 23.761 milliards de dollars d'actifs à fin 2017. En numéro un mondial, la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC) conserve sa position de banque la plus solide au monde sur la base du volume d’actifs. L’ICBC affiche pas moins de 274 milliards de dollars de fonds propres. Elle est suivie de ses consœurs China Construction Bank, Agricultural Bank of China et Bank of China. Un beau quatre à la suite…

Outre le secteur financier, le secteur Internet est le symbole des changements des habitudes de consommation des Chinois. Les Chinois sont devenus au fil des années des adeptes des nouvelles technologies via l’émergence des appareils mobiles dont les Smartphones. Parmi les ténors du net, on peut citer le moteur de recherche Baidu, le Google chinois qui occupe une position dominante sur le marché chinois ou bien Tencent, la plus grosse plate-forme de réseau social en Chine. La société revendique 720 millions d’utilisateurs de services semblables à MySpace (QZone), Facebook (Pengyou) et Twitter (Weibo). Mais comment ne pas parler d’Alibaba, le géant chinois de l’e-commerce, qui vient de nouer un partenariat géant avec le français Bolloré dans la fourniture de services cloud.

Le Shanghai Stock Exchange ce n’est pas qu’un indice réduit au secteur bancaire et technologique. On y retrouve bien entendu des géants industriels ou de l’énergie comme la compagnie pétrolière Petrochina dont l’introduction en Bourse en 2007 avait affolé tous les compteurs avec une sursouscription de 50 fois (!). Depuis sa capitalisation a fondu de 800 milliards de dollars. Cette société intervient dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz, dans le raffinage, le transport et la distribution de produits finis en Chine. Les minières ne sont pas en reste avec Zijin Mining, la principale entreprise aurifère et la troisième de cuivre de Chine ou bien China Shenhua Energy, la plus grande entreprise charbonnière de Chine et du monde.

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Trois chiffres

1ème puissance économique mondiale « en parité de pouvoir d’achat »

Croissance de 6,6% estimée pour 2018

3e pays le plus grand du monde après le Canada

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