Depuis l’explosion de la plateforme pétrolière à l’origine de la marée noire, le géant britannique a perdu 35% de sa valeur. Face à l’échec de colmatage de la fuite, les marchés anglo-saxons accentuent le plongeon amorcé. Hier, à la bourse de Londres, le pétrolier a dégringolé de plus de 13 %, pour finir à 430 pence. En l’espace d’une séance, BP a vu s’évaporer près de 18 milliards de dollars de capitalisation boursière. Au total, sa capitalisation s'est effondrée de plus de 60 milliards de dollars pour tomber aux environs de 116 milliards aujourd'hui. Selon certains observateurs, cette chute brutale du cours pourrait susciter quelques convoitises et déclencher une OPA hostile. Certains avancent même qu'ExxonMobil et Shell pourraient songer à cette éventualité, même si le contexte de marché ne se prête guère à une telle offensive.
Pourquoi un tel plongeon?
Tout d’abord, la défiance des investisseurs vis-à-vis des valeurs du secteur pétrolier et parapétrolier s’accroît à mesure que la fuite de pétrole se prolonge au large du Golfe du Mexique. Or, le désastre écologique pourrait continuer jusqu’en août.
Ensuite, les incertitudes sur l'ampleur des coûts et des dommages inquiètent les marchés. Tant que la fuite n’est pas colmatée, chaque jour qui passe alourdit la facture de BP, estimée à un milliard de dollars. A terme, la facture pourrait s’avérer très salée, et atteindre les 18 milliards de dollars, selon ING. Néanmoins, pour la plupart des analyses, BP a les ressources financières pour surmonter l'accident et honorer sa dette.
De plus, la légitimité du titre pourrait vaciller car les premiers éléments de l'enquête laissent penser que la compagnie pétrolière n'aurait pas respecté l'ensemble de ses procédures de sécurité. Selon plusieurs témoignages, BP aurait sciemment minimisé, voire occulté, des problèmes de sécurité du puit dans les semaines qui ont précédé l'explosion. L’image que le groupe véhicule est désormais exécrable. D’autant plus que la saison des ouragans, qui débute dans le golfe du Mexique, va probablement pousser le pétrole encore plus loin à l'intérieur des marais de Louisiane et endommager un peu plus l'écosystème local.
Enfin, l’administration Obama prend cette affaire à cœur. Le département américain de la justice a ouvert une enquête civile et pénale afin de déterminer les responsabilités de la marée noire. Une perspective que redoutent les investisseurs. En effet, les conséquences d’un éventuel durcissement de la législation pétrolière aux Etats-Unis combiné à un encadrement plus sévère de la production d’hydrocarbures risque, du moins dans un premier temps, de limiter les investissements des majors dans l’exploration production.
Du coté des marchés
A Londres, BP freine sa chute, avec un repli de seulement 1,85%. Tombé à 420 pences, le titre selon ING continue d'offrir un retour sur investissement intéressant en dessous de 600 pence.
A Paris, le CAC 40 glisse de 1.3% plombé par le secteur pétrolier. Parmi les plus fortes baisses, Technip plonge de près de 6%, et CGG Veritas qui signe une cinquième séance baissière, voit sa capitalisation fondre de 12%. Vallourec cède 3%, tandis que Total, le poids lourd du CAC, accuse une baisse de 2,4%.
Il n’en reste pas moins que la tendance incertaine sur les marchés pétroliers, combinée aux craintes sur la solidité de la reprise économique mondiale pèse également sur l'évolution de l'or noir. Le baril de brut cote à 71,83 dollars, et reste stable en attendant la publication des statistiques hebdomadaires des stocks pétroliers US, données qui sont considérées comme un baromètre de la demande mondiale de brut.
