Lundi 10 septembre

« Aujourd'hui, l'heure est à la fermeté », avait déclaré Ben Verwaayen, le directeur général d'Alcatel-Lucent, une semaine après avoir lancé un avertissement sur ses résultats, en juillet dernier. Le patron met à exécution ses dires en annonçant ce matin le lancement de la réorganisation du groupe visant à réduire les coûts de 1,25 milliard d'euros d'ici la fin de l'année prochaine. Aussi, la société avait précisé que le plan touchera 5 000 de ses 76 000 employés dans le monde, soit 6,5% des effectifs. C’est le cinquième plan social entrepris par le groupe depuis sa création en décembre 2006, né du rachat de l’américain Lucent par Alcatel.

Depuis cette fusion, les affaires d’Alcatel-Lucent sont loin d’être au beau fixe. L'équipementier télécoms, a en effet essuyé une perte nette de 254 millions d'euros, contre un bénéfice net de 43 millions d'euros, un an plus tôt. La perte d'exploitation ajustée s'est élevée à 31 millions d'euros alors que le groupe avait enregistré un bénéfice de 87 millions d'euros au deuxième trimestre 2011. Son chiffre d'affaires a reculé de 7,1% à 3,545 milliards d'euros. Alors, le groupe est contraint de tailler dans le vif pour limiter l’impact de la dégradation de la conjoncture économique. Comme les autres équipementiers télécoms, le groupe franco-américain est tributaire de la politique d'investissement des opérateurs de téléphonie. Ceux d'Asie et des Etats-Unis avaient indiqué en début d'année qu'ils allaient mettre en sommeil leurs dépenses pour les reprendre au second semestre avec notamment le développement de la 4G. Les efforts du groupe franco-américain pour se refaire une réputation auprès du Marché sont donc totalement annihilés alors qu’il avait retrouvé ses faveurs après une année 2011 marquée par une mise au vert des comptes, une première depuis la fusion en 2006. La « recovery » du groupe semblait être en marche pour devenir une entreprise « normale ». Mais elle a été ralentie par les nuages noirs qui s’amoncellent de plus en plus dans le ciel économique.

Après cette nouvelle déconvenue sur le front des comptes, Alcatel-Lucent a annoncé fin juillet dernier un nouveau plan d'économies qui passera en outre, par la suppression d'environ 5 000 postes. Ben Verwaayen a donc pris le taureau par les cornes et annoncé le plan « Programme Performance ». Ce programme sera destiné à accélérer la transformation du groupe avec 1,25 milliard d'euros d’économies à la clé d'ici la fin de l'année prochaine. Pour ce faire, Alcatel-Lucent va simplifier sa structure de direction en se dotant d’une nouvelle structure opérationnelle dont la composition, sans inclure Ben Verwaayen, est réduite de 12 à six personnes. Le directeur financier du groupe Paul Tufano est nommé directeur des opérations et sera responsable de la chaîne logistique et des achats ainsi que de trois activités : entreprise, industries stratégiques et réseaux sous-marins Robert Vrij prend la direction des achats réorganisés au sein d'une seule structure mondiale qui s'occupera de l'ensemble des relations commerciales avec les clients de l'équipementier Philippe Keryer prend quant à lui la tête du nouvel ensemble « Réseaux et plateforme » qui rassemble les principaux métiers de la société dont la nouvelle division « Coeur de réseau » regroupant les activités IP et optique.

Le groupe souhaite rendre effective cette nouvelle organisation, actée lors d'un conseil d'administration jeudi dernier, au début de l'an prochain, une fois achevée la consultation des représentants du personnel. Concernant les réductions d'effectifs, « le détail des départs ne sera pas connu avant septembre » selon un syndicaliste cité dans les colonnes du Figaro économie du jour. Ce qui est sûr, c’est qu’Alcatel-Lucent n’avait pas pris d’engagement sur l’emploi en France, où le l’équipementier télécoms compte 9 000 salariés.

Sur le front boursier, le Marché ne pardonne plus aucun faux pas de l’équipementier télécoms. Et celui annoncé en mi-juillet était celui de trop alors qu’Alcatel-Lucent renonçait à son objectif de marge opérationnelle ajustée pour l'ensemble de 2012 au vu de ses performances sur les six premiers mois de l'exercice et « compte tenu de l'environnement macro-économique difficile ». Dans la foulée de la publication de mauvais résultats semestriels, le titre de l'équipementier de téléphonie a même touché un plus bas historique à 0,79 euro en séance alors que le dernier plafond de l'action remontait au 6 mars 2009 à 0,906 euro. Depuis, le titre végète sous les 1 euro et devient officiellement une « penny stock. » Et pourtant, comme Vivendi, Alcatel-Lucent était une des valeurs stars des années 2000 avec un titre qui se traitait à quelques encablures des 100 euros, au zénith de la bulle internet... De ces temps bénis, il ne reste plus que des cendres, le titre ne vaut aujourd'hui moins de 1% de ce record vieux de 12 ans. Une débâcle boursière plus de 10 années qui a été alimentée par des publications plus décevantes les unes que les autres... L'action avait tenté une timide reprise en début d'année mais sans pouvoir parvenir à s'affranchir du seuil des 2 euros.

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