Vendredi 06 février

Après avoir fait la part belle aux deux dragons que sont Hong-Kong et Taiwan, dans le précédent numéro, on va changer non pas de continent mais de civilisation. Place au Japon, le pays du Soleil-Levant. Le Japon est un pays fascinant et surtout, l’illustration de l’extrême et des paradoxes. Entre Tōkyō, la capitale qui ne dort jamais, haut lieu de la frénésie japonaise et Kyōto, le berceau d’une grande partie de la civilisation nipponne, l’archipel offre de multiples visages. Ses paysages magnifiques, dominés par le mont Fuji, sont à tout instant menacés par un tremblement de terre ou un terrible tsunami comme en 2011.

Du miracle au mirage

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon, pays vaincu, n’était qu’un vaste champ de ruines. Mais les décennies qui ont suivi ce douloureux épisode de l’Histoire japonaise ont été l’occasion pour ce pays de panser ses plaies et de renaitre de ses cendres. Le peuple japonais a ainsi pris sa revanche. Il a en effet vu son niveau de vie augmenter considérablement pour atteindre celui des pays les plus riches de la planète. De 1949 à 1976, la puissance de l'économie japonaise a été multipliée par 55 ! Durant le Boom Izangui, le nom donné à la période de forte croissance économique continue qui a eu lieu entre novembre 1965 et juillet 1970 au Japon, le PNB croit de 11,5 % entre 1965 et 1970 et dès 1968, le Japon est parvenu à dérocher le prestigieux titre de seconde puissance économique mondiale, derrière son allié américain. Le pays est parvenu à se redresser, honneur oblige. Ce miracle économique japonais a surtout été symbolisé par l'achat en masse de produits technologiques et par la frénésie innovatrice du pays.

On peut situer l’apogée du « miracle Japonais » vers 1988 : le Japon est alors numéro un mondial de l’industrie bancaire, électronique et automobile. La capitalisation boursière à Tokyo, qui représentait 60% du PIB en 1985, grimpe à 153% du PIB en 1989 ! Certains observateurs étaient prêts à parier leur chemise que le Japon allait dépasser les Etats-Unis comme puissance économique dominante. Mais ces doux rêves de grandeurs ont volé en éclats avec l’explosion de la bulle immobilière et de la bulle sur les actions au début des années 1990. La perte de valeur des actifs de 800 000 milliards de yens entre 1991 et 1994 a impacté rapidement l’économie réelle.

À partir de 1992, la crise gagne l'industrie, qui se trouve confrontée à une double concurrence : d'un côté celle des États-Unis qui retrouvent leur dynamisme perdu pendant la décennie précédente, et de l'autre, celle des nouveaux pays producteurs de l'Asie en développement, notamment la Chine. Le rythme annuel moyen de croissance du PIB réel a été divisé par quatre entre la décennie 1980 et la période 1992-2002, passant de 4 % à 1 %. Le miracle économique n’est plus et laisse place à une situation de « déflation rampante ».

Croissance faible, déficits publics abyssaux, depuis 20 ans, le pays se débat avec ses démons… En plus la faiblesse de la consommation intérieure suite à une hausse de la TVA à l'impact dévastateur, les entreprises ont massivement délocalisé au Mexique et dans ses pays avoisinants. Les grands groupes, de Toyota et Nissan à Sony sont confrontés à l’émergence des nouveaux champions chinois ou coréens – tels Huawei, Hyundaï ou Samsung. La troisième économie mondiale, doit également composer avec des partenaires commerciaux qui sont loin d’être en forme olympique. Le spectre de la déflation hante l’Europe alors que la Chine est en proie à un ralentissement de son économie. Les effets des fameuses réformes structurelles promises par le premier ministre Shinzo Abe (baisse d'impôts, dérégulation, aboutissement de négociations commerciales...), tardent à faire leurs effets alors que le pays reste englué dans la récession…

Kabuto Cho, une bourse sur la voie de la rédemption

Le Nikkei est l’indice incontournable de la Bourse de Tokyo, fondé le 16 mai 1949 par la société Dow Jones et sur le même modèle que l’indice américain éponyme. Il regroupe les actions des 225 plus fortes capitalisations boursières sur le marché japonais, et il est renouvelé tous les ans. Depuis 1950 c’est le journal d’affaire Nihon Keizai Shimbun qui le calcule. Il est surtout un bon indicateur de la santé du marché japonais. Pour preuve, après un plus haut à 38.957,44 points le 29 décembre 1989, le Nikkei 225 s'est effondré passant sous les 10.000 points lors de l’éclatement de la bulle boursière au début de la décennie 1990. Mais le plus bas historique a été atteint le 28 avril 2003, à 7.607,88 points.

La composition du Nikkei fait également l'objet de nombreuses critiques : on a ainsi reproché la surpondération des valeurs financières et immobilières jusqu'en avril 2000, date où les valeurs technologiques y ont fait leur entrée. Au plus mauvais moment... C'est pourquoi les professionnels lui préfèrent le Nikkei 300, lancé en 1993, mais calculé rétroactivement depuis 1982, ou encore le Topix (pour Tokyo Price Index), qui remonte à 1968.

Parmi les valeurs phares de l’indice, on retrouve notamment des noms biens connus du grand public. Le Nikkei 225 fait la part belle au secteur automobile japonais avec des marques comme Nissan, Suzuki, Mitsubishi, Honda ou Toyota. L’électronique, secteur grâce auquel le Japon a assis sa suprématie économique durant trois décennies est aussi majoritaire avec des sociétés qui ne sont tout autres que Toshiba, Canon, Nikon, Olympus ou Casio.

Les banques sont également bien présentes à la Bourse de Tokyo avec Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG), le plus grand groupe financier de l'Archipel, Sumitomo Mitsui Financial Group et Mizuho Financial Group qui rassemble, sous une société holding, Mizuho Bank (banque de détail), Mizuho Corporate Bank (banque de financement des grandes entreprises), Mizuho Securities (maison de titres) et Mizuho Trust & Banking (banque de gestion d’actifs). Plus dans l’ère du temps, on peut également citer, l'action Softbank qui a presque triplé de valeur en 2013. Ce groupe de télécommunications a marqué les esprits en rachetant son homologue américain Sprint Nextel pour plus de 22 milliards de dollars. Il est devenu la deuxième capitalisation boursière à Tokyo, derrière Toyota.

Autre entreprise qui a le vent en poupe, le groupe de vêtement Fast Retailing. Derrière ce nom inconnu au bataillon se cache l’enseigne Uniqlo qui a fait son apparition en France en 2009, a vu son action presque doubler de valeur. Toujours dans l’univers féminin, on peut revenir sur Shiseido, Mais quel est le rapport entre le géant japonais des cosmétiques et Fujifilm, fabricant japonais de matériel photographique numérique dont les produits ont immortalisé bon nombre nos souvenirs de vacances. Pas grand-chose de prime à bord. Et pourtant ils sont tous les deux dans le compartiment de la chimie.

Mais il y a d’autres valeurs à la réussite tout aussi remarquable, mais plus discrètes comme Kikkoman. Le fabricant japonais de sauce soja est devenu en quelques années omniprésent dans les supermarchés du monde entier et dans les restaurants japonais. Les amateurs de sauce soja, sucrée ou salée, pourront toujours mettre en portefeuille l’action, qui elle n’est pas périssable.

Convaincus par les charmes du Japon ? Vous avez l’embarras du choix pour mettre ce pays dans votre portefeuille. Retrouvez notre sélection ici.

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