Quel jeu joue l'Espagne en refusant toujours de demander l'aide Européenne? Quel jeu joue la BCE en refusant d'agir? Quel jeu joue l'Allemagne en exigeant que ce soit l'Etat Espagnol qui demande de l'aide et pas les banques en direct? Tous jouent l'avenir de la zone euro en défendant leurs visions. Le camp dur veut une Europe plus fédérale, les autres craignent la mise sous tutelle.
Toujours pas de demande d’aide officielle d’aide Européenne par l’Espagne
Ce qui se joue sur l’Espagne est fondamental. Il faut bien en avoir conscience. On est très loin du sauvetage de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal. Ce qui se joue sur l’Espagne c’est l’avenir de l’Europe. Pas simplement du fait que si l’Espagne explose, du fait de sa taille, la zone euro explose, mais parce que l’Espagne est devenue le prétexte, pour ne pas dire l’otage, d’un bras de fer sur l’avenir de la zone Euro. Le patron de la Banque Centrale Européenne n’a rien lâché hier, l’Allemagne campe sur ses positions. On a le sentiment que la BCE et l’Allemagne veulent se servir de la crise Espagnole pour obtenir un engagement de tous les pays Européens du Sud en particulier, y compris la France, pour plus d’Europe, pour plus de fédéralisme.
Ce qu’on comprend c’est que le gouvernement Espagnol tente d’obtenir une aide directe pour les banques et non pas une aide pour l’Etat.
C’est la clé. Les Espagnols, soutenus par les Français, veulent que ce soient les banques espagnoles qui soient aidées directement par les fonds monétaires Européens et par l’Europe. Les Allemands et la BCE refusent et veulent que ce soit l’Espagne qui demande une aide européenne et qui utilise ensuite cette aide pour recapitaliser ses banques. Ce n’est pas une différence liée aux contraintes des traités européens, c’est une différence fondamentale de vision sur l’Europe et son avenir. Le camp des durs ne veut pas que de l’argent Européen soit engagé sans mise sous tutelle du pays. Si l’Espagne veut de l’aide pour ses banques, l’Espagne doit se mettre, comme la Grèce, comme l’Irlande, comme le Portugal sous tutelle Européenne. Et du coup ce sera une étape de plus vers le « Plus d’Europe », plus de fédéralisme que souhaitent les Allemands et leurs alliés.
C’est l’impasse ?
Pas tout à fait. On va trouver une solution. Tout d’abord parce qu’on n’a pas le choix. Les banques Espagnoles ont besoin d’argent. On saura exactement de combien elles ont besoin quand les trois audits en cours donneront leurs résultats à la fin du mois. Ensuite parce que l’Allemagne a fait beau jouer les durs, elle ne peut pas laisser les banques Espagnoles plonger, car l’effet domino finirait par les toucher, et peut être plus vite que prévu. On semble s’acheminer selon le Wall Street Journal vers une demande d’aide de l’Etat Espagnol avec des contraintes, mais sans mise sous tutelle complète comme cela a été le cas pour les trois autres pays aidés. On voit bien que ce qui se joue en Espagne dépasse largement le cadre de l’Espagne et de ses banques. L’Espagne est devenue le prétexte d’un débat de fond. Pour la ligne dure, sans fédéralisme et plus d’Europe, la zone euro éclatera et aider les banques Espagnoles ne permettra que de gagner quelques mois. Le choix est clair, c’est donc plus d’Europe ou plus d’Europe.
