Jeudi 31 mai

-71% pour Areva sur un an, -56% pour EDF sur la même période. Les actions des deux fleurons du nucléaire français n'ont plus le vent en poupe sur la place parisienne. Une désaffection des opérateurs pour ces deux dossiers qui a provoqué leur chute. EDF a touché un plus bas historique à 15,2 euros le 17 mai dernier et quelques jours plus tard, c'est autour d'Areva d'enfoncer un cours plancher à 8,96 euros.

Il est bien loin le temps où ces deux chouchous de la place parisienne cotaient sur les 80 euros. C'était en 2007, un temps bien révolu alors que le nucléaire affichait une mine radieuse jusqu'à... ce que la catastrophe nucléaire de Fukushima ne vienne jeter le discrédit sur cette source d'énergie, qui est jusqu'à présent la seule, mis à part l'hydraulique, a être compétitive. Le prix du mégawatt nucléaire est en effet inférieur de moitié à celui produit par le charbon ou l'éolien, et près de quatre fois moindre que celui du solaire.

Mais depuis ce drame, le nucléaire n'est plus du tout en odeur de sainteté, ni chez les investisseurs, ni chez les politiques. Pour la première fois depuis plus de 10 ans, un gouvernement français ose remettre en cause le « tout nucléaire ». Et cette nouvelle prise de position fait peser une grande incertitude quant à l'avenir du nucléaire dans l'hexagone. Rappelons que la France n'est pas la première à infliger un camouflet au nucléaire. L'Allemagne est en effet un cas d'école, le pays ayant décidé de se retirer du nucléaire dans les années à venir. Bien qu'aucune décision n'a été actée sur l'abandon de cette énergie, rien que le fait de l'évoquer tombe au pire moment pour Areva mais aussi pour EDF. Luc Oursel, le tout nouveau capitaine d'un navire en perdition doit se charger de redresser la barre en faisant table du passé sur le plan comptable. Les comptes 2011 ont viré au rouge vif, des pertes largement imputables à des dépréciations d'actifs comme celle passée pour la société Uramin qui en représente près des deux tiers. Cette mine d'uranium rachetée en 2007, s'est trouvée confrontée à une hausse de ses coûts au moment où le prix de l'uranium baissait fortement. Une affaire qu'Areva a encore du mal à digérer, sans compter les provisions pour l'EPR finlandais.

Pour l'électricien, la situation financière n'est guère meilleure. La facture pour le rachat du groupe italien Edison ne cesse de s'alourdir et pourrait coûter près d'un milliard d'euros au groupe français, qui se traîne tel un boulet, un lourd endettement. Autre point noir pour EDF, le coût de la construction des réacteurs d'Hinkley Point a été revu à la hausse de 40% et risquent d'alourdir considérablement les comptes de sa filiale EDF Energy. En outre, le groupe est sur le point d'entreprendre de coûteux investissements dans ses centrales nucléaires, pour palier certains problèmes de sécurité, mais également dans ses réseaux électriques. De quoi alourdir sacrément une facture déjà bien salée pour EDF. Dans ce contexte, le groupe tricolore est loin d'aborder sereinement le deuxième trimestre de son exercice 2012 sur fond de perspectives économiques dégradées en Europe.

Un climat plus qu'adverse pour ces deux dossiers, ces derniers devraient connaître encore une forte volatilité eu égard de ces éléments. Rien que ces derniers jours, l'action Areva avait réalisé un triplé : +7,9% mardi, +5,5% jeudi, +4,95% pour finir la semaine. Même si cette fulgurante remontée ne permet pas encore faire oublier les quatre séances du 14 au 18 mai, qui avaient vu le titre lâcher plus de 26%. «Rien ne justifie cette baisse » explique Luc Oursel, le patron d'Areva. Pour lui, l'explication est toute trouvée et surtout technique, c'est un gros investisseur qui s'est délesté de sa position. Ce dernier détenait quelques dixièmes de pourcent du géant nucléaire, mais sur un flottant de...4%, la volatilité était mécaniquement au rendez-vous.

Ceci explique une partie du décrochage mais pas tout. Il donc faudra attendre que les premiers fruits du plan d'économies soient récoltés pour qu'on ait un peu plus de visibilité sur le titre Areva. Pour EDF, la question des tarifs d'électricité reste en suspends alors que la loi Nome [disparition des tarifs réglementés vert et jaune pour les entreprises et donc l'ouverture totale à la concurrence pour les professionnels, NDLR] devrait définir les prix de l'électricité. Cette disposition législative pourrait impliquer un recul des parts de marché d'EDF au profit des fournisseurs d'électricité alternatifs (Poweo, Direct Energie). Les cartes seront ainsi redistribuées et l'énergéticien pourrait donc y perdre beaucoup...

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