Jeudi 25 mars

Les produits dérivés ont été créés dans le but de proposer aux professionnels une protection contre des risques à venir. Mais c’est surtout avec la spéculation qu’ils se sont développés. Ainsi, on trouve aujourd’hui, une multitude de produits (changes, matières agricoles, métaux, énergie, actions, taux, volatilité, climats….). De nombreuses places boursières proposent un certain nombre de ces produits, et si beaucoup de ces places se sont regroupées, il est encore difficile pour un investisseur de s’y retrouver.

Le fonctionnement des marchés à terme



Un marché à terme est un marché dans lequel des transactions donnent lieu à paiement et livraison des actifs financiers ou des marchandises à une échéance ultérieure. Le produit phare de ces marchés, le contrat à terme, est tout simplement un contrat par lequel un acheteur s’engage à acheter un sous-jacent au vendeur à une échéance donnée



Sur ces marchés s’échangent aussi des options. Une option est un droit d’acheter (dans le cas d’une option call) ou de vendre (dans le cas d’une option put) un nombre déterminé de sous jacent (action, indice…) à un prix déterminé que l’on appelle strike et à une échéance donnée. L’option est un droit et non un devoir. Elle a une valeur et s’achète donc moyennant une prime encaissée par le vendeur de l’option.



Si le cours du sous-jacent augmente, l’acheteur de l’option call pourra acheter le sous-jacent au strike et le revendre plus cher. Ainsi, plus le cours du sous-jacent est élevé, plus la prime sera élevée. L’acheteur de l’option call joue donc la hausse du sous-jacent, tandis que l’acheteur de l’option put joue la baisse. Le vendeur, lui, encaisse la prime et espère que le cours du sous-jacent ne va pas aller dans le sens de l’acheteur avant l’échéance.



Pourquoi les marchés à terme ont-ils été créés ?



Le marché à terme est une réponse aux problèmes de transparence et de défaillance rencontrés sur les marchés de livraison différée. Par opposition aux opérations de livraison différée (forward sur les marchés de gré à gré), les caractéristiques des contrats à terme et options sont standardisées : qualité de la marchandise livrable, quantité ou unité de négociation, échéances et conditions de livraison fixées par avance. Seul le prix est discuté par les opérateurs. Cette standardisation aboutit à la fongibilité des contrats (possibilité pour un opérateur de dénouer sa position avec une contrepartie différente de sa contrepartie initiale, en passant une opération inverse à la position détenue) et améliore le fonctionnement des marchés. L’objectif prioritaire pour le marché à terme est d’assurer une sécurité maximum des opérations. Cette sécurité s’appuie sur l’existence d’une chambre de compensation, contrepartie unique de l’ensemble des acheteurs et des vendeurs.



Dans un marché à terme, comme pour les marchés au comptant, seuls peuvent négocier les opérateurs agréés. Cependant, compte tenu des particularités du marché à terme (déposit, appel de marge, livraison physique), les particuliers n’ont pas accès aux places boursières via un simple courtier. Mais certains intermédiaires agréés permettent aux particuliers d’accéder à ces marchés via des plateformes spécifiques. C’est le broker qui organise alors les échanges avec le particulier. Ces échanges se font de gré à gré et le broker agit comme chambre de compensation. Il va se couvrir et s’exposer sur les marchés organisés, de sorte que les contrats sont standardisés comme sur ces marchés, et que les prix sont très proches.



L’avantage de ce système est que le particulier peut se placer comme vendeur de produit, c'est-à-dire qu’il est la contrepartie du broker acheteur. Dans le cas d’une option call par exemple, il encaisse la prime et espère que le cours du sous-jacent ne va pas monter au dessus du strike à l’échéance, car dans ce cas il devrait lui verser la différence.



Voici un certain nombre de courtiers en ligne qui proposent ces services : Interactive Broker, Whselfinvest, Saxobank, ou encore ActiveTrades.



Ces courtiers proposent des contrats à terme et des options qui couvrent l’ensemble des actifs présents sur ces marchés (Matières premières, taux, indice et actions, change), en précisant ou non les marchés sur lesquels ils se trouvent. En effet, il existe un grand nombre de marchés qui sont en concurrence sur beaucoup produits, mais qui proposent également souvent des produits exclusifs.



Les débuts des marchés dérivés aux USA



L’histoire des marchés dérivés débutent en 1848 avec la création à Chicago du CBOT, la première Bourse de contrats à terme sur matières premières agricoles. De 1848 à 1975, ce marché se développe et se spécialise dans les marchés de céréales (blé, maïs, avoine) et de produits oléagineux (soja, cacahuètes…). Egalement, à partir des années 1970, le marché développe des contrats sur indices, sur taux et sur les devises.



En 1872, un groupe de négociants en produits laitiers essayent de standardiser les échanges sur ce marché et créer alors le Butter and Cheese Exchange of New York. D’autres produits agricoles se rajoutent alors peu à peu et dix ans plus tard, cette bourse est rebaptisée New York Mercantile Exchange (NYMEX).



Jusqu'à la fin des années 1970, le NYMEX est spécialisé dans les contrats sur produits agricoles. Mais un grave problème sur le marché de la pomme de terre en 1976 (défaillance dans le processus de livraison de près de 1000 contrats) les pousse à développer de nouveaux marchés, notamment les produits pétroliers dont le pétrole texan, le crude. Le NYMEX recentre alors ses activités sur les produits industriels tels que l'énergie et les métaux (or, argent, platine...). C’est ainsi qu’en 1994, il prend contrôle de la bourse de métaux précieux Commodity Exchange (Comex), également localisée à New York.



Le Chicago Butter and Egg Board ouvre ses portes en 1898. Il est rebaptisé Chicago Mercantile Exchange (CME) en 1919 et effectue des transactions sur les denrées agricoles (œufs, beurre, oignons et pomme de terre). Il échoue ensuite dans le développement de contrats sur les métaux et produits pétroliers mais le succès est au rendez vous lorsque dans les années 1970, le CME se lance dans la négociation de futures et d'options portant sur les taux d'intérêt, les devises, les taux de change et des indices boursiers. C’est notamment en 1982 qu’il lança la négociation de futures et d'options sur le S&P500, l'un des indices phares de la bourse de New York, mais également une série de contrats sur le Dollar-LIBOR 3 mois (dits « marché Eurodollar ») constituant l'un des compartiments de négociation les plus actifs du CME.



En 2006 Le CBOT et le CME fusionnent pour devenir le premier marché de dérivés au monde. En 2008 CME Group fusionne avec le NYMEX, alors première place américaine dédiée à l'énergie.



A New York, un autre marché de produit dérivé existe : Le NYBOT (New York Board of Trade). Il résulte de la fusion en 2004 entre le NYCE et le CSCE.



Créée en 1870, le NYCE (New York Cotton Exchange) était la plus ancienne bourse de commerce new-yorkaise. Ce marché développa notamment des contrats sur devises et sur paires de devises, puis sur indices boursiers et de matières premières à partir de 1995.



Le CSCE (Coffee Sugar and Cocoa Exchange), quant à lui, datait de 1882 pour le marché du café dans un premier temps, puis développa les actifs du sucre roux à partir de 1916 et enfin sur du cacao en 1979 après une fusion opérée avec le New York Cocoa Exchange.



La négociation des options a été inaugurée en 1973 à l’occasion de l’ouverture du Chicago Board of Option Exchange (CBOE). C’est sur ce marché que traitent les options sur actions américaines, cotées principalement, sur le NYSE et le NASDAQ même si ces deux marchés ont commencé à offrir leurs propres produits en 1985. Le CBOE reste aujourd’hui le leader sur les options américaines, devant NYSE LIFFE et NASDAQ OM



En 2007, le NYBOT a été renommé ICE Futures US à la suite de son absorption par le groupe Intercontinental Exchange (ICE).



Les plateformes électroniques de transaction



L'Intercontinental Exchange n'est pas une Bourse, mais une société gérant une plateforme électronique de transactions qui fut créée en 2000 par de grandes banques internationales impliquées dans les marchés dérivés pétroliers et un certain nombre de compagnies pétrolières de premier plan. Le groupe a d’ailleurs racheté au début de l’année 2000, l’international Petroleum Exchange (IEP), marché londonien créé en 1981 qui constituait le deuxième marché dérivé du monde pour les contrats à terme et les options portant sur les matières premières énergétiques, avec notamment le contrat sur le pétrole de la Mer du Nord, le brent.



Aujourd’hui, deux groupes s’imposent comme les leaders des produits dérivés aux Etats-Unis, CME et ICE. La consolidation devrait se poursuivre d’autant qu’il existe encore un nombre important de places boursières, aux Etats-Unis (Kansas City Board of Trade, Minneapolis Grain Exchange,…) mais également sur le continent américain (Bolsa De mercadorias & Futures, Canada Dérivatives Exchange,…) et en Asie (Korea Futures Exchange, Tokyo Commodity Exchange,…). De plus, il existe deux autres grands groupes en Europe



De sérieux acteurs en Europe



La création de marchés dérivés pour la gestion des risques financiers en Europe a débuté avec la création à Londres du London International Financial Futures Exchange (LIFFE) en 1982. Il offrait initialement aux intervenants de marché des outils de gestion du risque de change et de taux d’intérêt.



En France, la Compagnie des agents de change a soutenu un projet de marché dérivé des actions dès 1978, le MONEP. Mais le gouvernement de François Mitterrand élu en 1981 s’est opposé à cette réforme. Par la suite, l’augmentation massive de la dette de l’Etat au début des années 80 a poussé le gouvernement à chercher des solutions pour améliorer les circuits de traitement de la dette. Le Marché à Terme International de France (MATIF) a ainsi été ouvert le 20 février 1986 pour offrir des instruments de couverture contre le risque de taux. Profitant du succès du lancement de ce marché, la Compagnie des agents de change a créé le MONEP (Marché des Options Négociables de Paris) en Septembre 1987.



Ce sont deux marchés organisés gérés par la Compagnie des agents de change avant qu’elle ne devienne la Société des Bourses Françaises (qui deviendra Euronext), et réglementés par l’AMF. Les instruments financiers admis sur le MONEP sont des contrats d’options et des contrats à terme sur des actions et sur des indices d’actions (CAC40). Le produit phare du Matif a longtemps été le contrat notionnel. Il portait sur un emprunt d’Etat français fictif de 100.000 euros à coupon fixe et à échéance 8/10 ans. Les deux autres contrats de taux les plus traités étaient l’Euro 5 ans et l’Euribor 3 Mois. En 1988, le MATIF étend sa gamme de produits aux contrats sur marchandises. Il émet ainsi des contrats à terme sur le blé (meunier) les graines de Colza, et le Mais.



En 1989, le Deutsche Termin-Börse (DTB) est créé à Francfort par la Deustsche Boerse. Il s’agit du marché à terme allemand spécialisé dans la négociation de produits dérivés sur actions ou indices. Il a été créé dans le but de contrer le succès des contrats à terme libellés en Mark allemand proposés par le LIFFE.



Le Liffe et le DTB sont devenus des acteurs majeurs des marchés dérivés à partir des années 1990. A cette époque, la création de la monnaie unique était de plus en plus pressentie. Ainsi il y avait de moins en moins de risque de différentiel des taux d’intérêt entre les devises européennes. De plus, la couverture par un contrat libellé dans une autre devise que le contrat à couvrir ne présentait plus de réels risques. Les contrats plus liquides ont été alors de plus en plus appréciés et en particulier ceux du DTB et du LIFFE.



Les petits marchés européens se sont vus très affaiblis.



En 1992, le LIFFE a fusionné avec le marché d'options négociables de Londres le «London Traded Options Market (LTOM)», ajoutant les options sur actions à sa gamme de produits. En 1996, il a fusionné avec la bourse de dérivés de matières premières «London Commodity Exchange (LCE)» élargissant sa gamme de produits financiers aux dérivés de matières premières (Café, cacao, blé fourrager, et sucre blanc).



En septembre 1997, DTB signe un accord avec le Swiss Options and Financial Futures Exchange (SOFFEX) de Zurich pour créer l’EUREX. Cet accord permet au DTB de dominer de plus en plus le marché européen des contrats sur taux de long terme.



La transition vers l'Euro



Avant l’arrivée de l’euro, le LIFFE était la 1ère place européenne en matière de produits dérivés, mais en l’espace de 3 mois (début 1999), elle a régressé en volume, au 3e rang derrière EUREX et le MATIF. Dans le même temps, EUREX, est devenu le leader mondial devant le CBOT (Chicago) et s’est imposé en Europe sur les contrats sur taux à 2, 5, 10 et 30 ans, libellés en euros. Relégués au deuxième rang, LIFFE et Paris Bourse SBF (qui contrôlait le Matif et le Monep) se concurrençaient surtout les contrats court terme et sur actions et indices. Paris Bourse (rebaptisé Euronext en 2000) a alors racheté le Liffe en 2001. Concurrencé dans cette reprise par le London Stock Exchange (n’appartenait pas le LIFFE) et la Deutsche Börse, Euronext avait lancé une OPA et acquis 71,8 % du Liffe auprès de ses actionnaires et 8,2 % directement sur le marché.



Les activités des deux sociétés se sont regroupées sous l’appellation Euronext.liffe. Ce regroupement a permis une réduction indispensable pour Euronext pour concurrencer Deutsche Boerse sur les marchés dérivés.



Aujourd’hui, l’Eurex est toujours leader sur les contrats sur taux long tandis qu’Euronext Liffe domine le marché des taux d’intérêt à court terme. L’Euribor est le produit phare du Liffe : 41 banques de l’UE et 8 banques internationales se prêtent et s’empruntent des euros pour 3 mois. Eurex et Liffe se concurrencent également sur les contrats sur actions et indices, mais pas sur les matières premières, car Liffe couvre des matières agricoles tandis qu’Eurex couvre des métaux précieux et l’énergie.



Si l’Eurex et le Liffe dominent les marchés en Europe, il existe encore quelques places boursières indépendantes, notamment le London Metal Exchange (LME), qui est le principal marché européen pour tous les métaux (aluminium, cuivre, zinc…). Il pourrait vite devenir la cible d’Euronext, Deutsche Boerse, voir même l’ICE ou le CME…



Depuis le 19ème siècle, plusieurs bourses de produits dérivés ont vu le jour en Europe et aux Etats-Unis. La concurrence mais aussi la complémentarité des bourses ont provoqué une consolidation du secteur depuis la fin du 20ème siècle. Aujourd’hui, le marché est dominé par quelques gros acteurs qui tentent de réunir la plupart des produits afin de devenir à terme, l’acteur unique de ces marchés.

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