Un investisseur sur trois aurait souscrit à des introductions en bourse ces 12 derniers mois, selon une étude réalisée par l'institut OpinionWay pour le salon Actionaria. En dépit de la prudence des investisseurs, l’apparition de nouveaux sur la cote parisienne attise toujours la curiosité. Même si cela n’a pas été le cas pour Spie, annoncée comme la plus grosse introduction en Bourse de l’année à Paris. Le spécialiste des services techniques a été contraint de reporter son entrée en Bourse devant le manque d’intérêt des investisseurs et en raison « de conditions de marché devenues particulièrement volatiles ». En Europe, d’autres reports ont été annonçons en Italie (Italiaonline...) ou en Allemagne (Scout24).
C’est qu’après un été calme en la matière sur fond d’incertitudes géopolitiques liées aux évènements en Ukraine et au Moyen-Orient, les investisseurs ont été moins enclins à se précipiter sur le papier qu’on leur présentait. En témoignent, les entrées en Bourse de Rocket et Zalando à Francfort. Pour sa première semaine de vie boursière, Rocket, incubateur allemand de start-up a chuté de 22 % et Zalando n’a pas fait hurler de plaisir les opérateurs avec une chute de 17% de son titre en l’espace de quelques jours...
Pour voir un peu plus de mouvement, il faut revenir au premier semestre 2014 qui a été considéré comme un excellent cru en matière d’introductions en Bourse sur le sol européen. Ainsi, depuis le début de l’année 289 entrées en Bourse ont été recensées en Europe, un record depuis la crise financière, selon une étude de PwC pour un montant global de 40,3 milliards d'euros. Mais quid de la France uniquement ? Le compteur des introductions en Bourse s’est littéralement envolé. Plus d’une vingtaine d’entreprises sont rentrées en Bourse depuis le début de l’année sur Alternext et Euronext Paris. Alternext n’est plus le seul compartiment à accueillir en son sein des petits nouveaux. Les introductions d’envergure ont également repris du service. Les levées de fonds de Tarkett et de Numericable fin 2013, ont plus ou moins débridé les sociétés les moins téméraires à se lancer dans l’arène boursière.
Biotechs à l'honneur
Les premiers mois de l’année en cours ont fait la part belle aux introductions en bourse de taille modeste la plupart dans le secteur des biotechnologies ou de l’équipement et des fournitures médicales. L’introduction en Bourse de Crossject a lancé le coup d’envoi des entrées en Bourse pour l’édition 2014. En février dernier, l’inventeur de l’injection sans aiguille a fait ses premiers pas sur le marché Alternext de la Bourse de Paris à un cours de 8,38 euros. C’est à ce jour la seule société évoluant dans le domaine médical à coter au-dessus de son prix d’introduction avec un plus haut à 10,80 euros. Mais ce n’est pas le cas de toutes les introductions en Bourse du secteur. Mainstay Medical en a fait l’amère expérience. Fixé à 21,15 euros à l’introduction, le cours de l’irlandais, qui développe un stimulateur électrique pour traiter les lombalgies chroniques, a cédé 28% depuis fin avril. Oncodesign (-22%), le spécialiste de la cancérologie n’a pas remporté l’adhésion des investisseurs tout comme Genticel, la société spécialisée sur le secteur des vaccins thérapeutiques contre le cancer du col de l’utérus a cédé 27% depuis ses débuts boursiers en avril et Theraclion, le spécialiste de l’échothérapie, 30%. Genomic Vision et Supersonic Imagine, les deux autres introductions en Bourse de la fournée d’avril n’ont pas réussi à contenir leurs pertes respectivement à 23% et 28%.
Le mois de mai a-t-il été meilleur ? L’éditeur de logiciels Visiativ, qui collabore étroitement avec Dassault Systèmes, s’est introduit à un cours de 10,86 euros. Depuis, le titre a vu son cours divisé par près de deux tout comme Anevia, un éditeur de logiciels d'optimisation des flux vidéo connectés, a affiché une hausse de plus de 25% avant de reperdre tous ses gains sur le dernier mois après avoir annoncé des comptes dans le rouge sur les six premiers mois de l'exercice en cours.
Les gros poissons font leur retour
Il a fallu attendre le mois de juin pour voir de gros poissons faire leurs premiers pas à Paris. Enfin pas tout à fait, GTT a quelque peu préparé le terrain avec son introduction en Bourse réalisée en février. Son cours de Bourse n'a quasiment pas varié par rapport au prix d'introduction, fixé à 46 euros. En ce qui concerne les autres gros dossiers attendus par les opérateurs, leur entrée en Bourse en a douché plus d’un. ..La Coface, filiale de Natixis introduite en Bourse le 27 juin dernier, limite ses pertes à 6,4%. Euronext, cédée par l’américain ICE, évolue un peu en-dessous de son prix d’introduction à 20 euros, tandis qu’Elior, cédé par des fonds de private equity, recule de 20% après des débuts boursiers bien timides et que Worldline, filiale d’Atos, fait du surplace. Viadeo, le réseau social professionnel, dernière grosse introduction de l’avant trêve estivale a vu son cours divisé par deux après avoir lâché 20% dès les premières heures de cotation.
Devant l’afflux de dossiers, les investisseurs préfèrent être sélectifs et tirer le bon grain de l’ivraie. Et ils ne se sont pas priés pour mettre cet adage à exécution. La prudence devrait être de rigueur alors que les derniers chiffres dévoilés par l’Allemagne ne sont clairement pas rassurants. Un contexte morose qui pourrait jeter un froid sur les prochaines opérations en cours et apporter un lot de reports à l’instar de Spie. En France, les regards sont tournés vers Elis, l’autre grosse entrée en Bourse attendue pour cet automne.
Le vent aurait-il tourné pour autant ? Non, pas vraiment estime Pwc, qui table sur un dernier trimestre de l'année "prometteur", avec plusieurs opérations en cours de grande envergure. Les fonds levés au dernier trimestre de l’année 2014 devraient ainsi dépasser les 15 milliards d’euros levés sur la même période en 2013.
