Mardi 21 août

Le feuilleton judiciaire continue pour Belvèdère. Le groupe de spiritueux en difficulté dont le titre est suspendu depuis le 10 août dernier, a demandé la reprise de la cotation de ses actions pour le 22 août prochain à Paris et à Warsovie. C’est que Belvèdère négocie auprès de ses créanciers un accord de restructuration. Déjà des porteurs d'obligations FRN représentant 64% du nominal des titres sont parvenus à un protocole avec l'entreprise et son administrateur judiciaire.

Nouvelle étape pour Belvédère

Le 18 et 19 septembre prochain, le groupe franchira une nouvelle étape dans son processus de restructuration. Sur ces deux jours, les créanciers obligataires, membres du comité des établissements de crédit, et membres du comité des principaux fournisseurs sont appelés à se prononcer sur ces propositions d’apurement du passif définies par Krzysztof Trylinski en sa qualité de président du conseil d`administration et directeur général, assisté par Frédéric Abitbol en sa qualité d`administrateur judiciaire. Par ailleurs, les créanciers hors-comités seront consultés individuellement alors que les actionnaires de la société sera appelée à voter sur le plan de restructuration au plus tard le 20 mars 2013, date à laquelle un plan de continuation devra avoir été adopté par le Tribunal de commerce de Dijon.

Ces propositions s`inscrivent dans le cadre des discussions avec une majorité de porteurs de FRN ('floating rate notes', obligations régies par le droit de l`État de New York), représentant approximativement 64% des FRN en valeur nominale, sur un projet de restructuration de la dette de Belvédère évaluée à 441 millions d'euros.

Scénarios et spéculations

Dans le cadre de ce projet deux scénarios alternatifs sont envisagés pour permettre le remboursement de la Créance FRN. Belvedère transforme la créance en capital. Cette solution est certes classique pour les entreprises en difficultés financières mais elle entraîne une forte dilution des actionnaires existants. L’autre hypothèse repose sur cession d'un ou plusieurs actifs d'ici au 20 mars prochain, pour un montant permettant de servir un dividende minimum aux créanciers FRN, en application de l`ordre des privilèges, du droit des sûretés et des droits de rétention applicables. Le solde éventuel serait là aussi transformé en capital à travers une émission d'actions, comme dans l'autre scenario.

La spéculation sur l'action Belvédère est vive ces derniers mois, dans l'optique de cessions d'actifs visant à réduire le lourd endettement de l'entreprise. En avril dernier, Krzysztof Trylinski avait affirmé que le groupe avait l'intention de « rembourser toutes [ses] dettes le plus vite possible », lors d’une interview accordée à l’agence Reuters. Fin février, des rumeurs de mise en vente de la marque de vodka Sobieski avaient tourné, la presse évoquant alors de nombreux prétendants, dont certains avaient accepté de signer des engagements de confidentialité. Brown-Forman, qui détient déjà le bourbon Jack Daniel's ou la vodka Finlandia n’avait pas hésité à avancer une valorisation de 650 millions d'euros pour la marque de vodka de Belvédère, en difficultés financières du fait d'un endettement trop lourd.

Un long feuilleton judiciaire

Ces deux événements ne sont que les derniers épisodes d’un long feuilleton judiciaire qui oppose depuis quatre ans le groupe, septième producteur mondial de vodka, à ses créanciers. Depuis juillet 2008, Belvédère est placé sous procédure judiciaire de sauvegarde pour rééchelonner sur dix ans une dette de plusieurs centaines de millions d'euros. Mais les créanciers du groupe ne l’avaient pas entendu de cette oreille et étaient farouchement opposés à cette décision de justice. Selon les créanciers de l’entreprise en difficulté, cette décision « n'était dans l'intérêt ni de l'entreprise, ni de ses porteurs de titres » et qu'elle était « totalement inutile, dans la mesure où de claires alternatives viables existaient pour l'entreprise ». Exsangue, la société avait envisagé de se défaire de Marie Brizard, le spécialiste de l’anisette acquis mi-2005 pour désendetter rapidement. Mais il n’en fut rien… Un an plus tard, tel un serpent de mer, la rumeur d'une cession de Marie Brizard par Belvédère était à nouveau sur le tapis, étayée cette fois par les syndicats du groupe de spiritueux…Mais non, aucune cession de cette marque stratégique n’était pas à l’ordre du jour… En septembre 2010, le groupe de spiritueux avait que le processus de cession de Marie Brizard avait pris un nouveau retard. Cédera, cédera pas ? Telle est la question que se pose la communauté financière… De procédures de sauvegarde, en procédure de sauvegarde, l’aventure Belvédère se poursuivait tant bien que mal. La situation s'est envenimée début 2011 quand les créanciers de Belvédère, représentés par la banque américaine New York Mellon, ont saisi la justice française, estimant que le groupe ne respectait pas le plan de sauvegarde négocié en 2008, dont la cour d'appel de Dijon a sonné le glas le 7 juin. Et en septembre 2011, le feuilleton judiciaire prit une nouvelle tournure. Le groupe a été placé en redressement par le Tribunal de Commerce de Nîmes. Une conversion qui fait suite à la cessation de paiements de Belvédère alors que le groupe escomptait une nouvelle procédure de sauvegarde. Début janvier, la même juridiction a renouvelé la période d'observation du redressement judiciaire de la société jusqu'au 16 juillet prochain.

Grosses incertitudes sur le titre Belvédère

Il n’est donc pas étonnant qu’il existe de grosses incertitudes sur le titre Belvédère qui reste malmené par les tribunaux et traine un passif de plus de 500 millions d’euros. A la fin 2007, le titre cotait encore 150 euros (!) et a même signé un plus haut sur les 200 euros en juillet 2007. Cet état de grâce prit fin après ce sommet. Depuis, l’action n’a cessé de trinquer en Bourse sur fonds de comptes dégradés coupellés à un fort endettement du groupe… Le titre est très volatil car évoluant au gré des décisions de justice concernant l’avenir de Belvédère. Sur la fin de l’année 2008, le dossier végétait sur les 20 euros avant d’évoluer dans un couloir compris entre les 25 et 50 euros, sur l’année 2009. En octobre 2010, le titre avait touché un plus bas à 20 euros. Depuis, le titre connait une forte volatilité : après être passé au dessus des 70 euros sur le premier tiers de l’année, il se retrouve actuellement à proximité des 50 euros.

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