Vendredi 01 février

Crédit Agricole prend les devants et se lance dans une opération vérité. La Banque Verte a en effet fait preuve de transparence en communiquant sur le montant de ses dépréciations d’actifs sans attendre la publication de ses résultats, fixée au 20 février. La veille, ‘Le Figaro’ avait mis quelque peu le Marché au parfum en annonçant la tenue d'un conseil d'administration pour valider ces dépréciations. « Les curseurs ne semblaient pas arrêtés sur l'ampleur des provisions que la banque décidera de consentir » croyait savoir le quotidien dans son édition de la veille.

La banque va ainsi faire table rase du passé... Elle a averti vendredi qu'elle allait comptabiliser des pertes pour dépréciations d'actifs d'un montant total de 2,94 milliards d'euros au quatrième trimestre. Crédit Agricole charge une nouvelle fois la barque afin de prendre en compte les effets d’un tour de vis sur la réglementation bancaire et de la dégradation de la valeur de ses filiales, en raison d’un l'environnement économique et financier adverse.

« Ces charges ont un impact négatif de même montant sur le résultat net part du groupe de Crédit Agricole SA pour le quatrième trimestre 2012, mais n'affectent ni sa solvabilité ni sa liquidité », a souligné la banque dans un communiqué. Le groupe anticipe un ratio de solvabilité Core Tier 1 sous Bâle 3 supérieur à 10% à la fin 2013. « En effet, les écarts d'acquisition sont intégralement déduits dans le calcul des ratios de solvabilité », a-t-elle expliqué en ajoutant : « Ces dépréciations sont sans impact sur la trésorerie, celle-ci ayant été décaissée lors de l'acquisition des sociétés concernées. » Pour faire simple, ces dépréciations sont purement d’ordre comptable et n’entraîne aucune sortie de fonds. Qui plus est, ces écritures ne vont pas ébranler les ratios réglementaires. L’honneur est quelque peu sauf, ce qui rassure le marché.

Dépréciation d’actifs et cascade d’éléments exceptionnels

Les dépréciations d'actifs concerneront la banque de financement et d'investissement (BFI) à hauteur de 466 millions d'euros, la maison de courtage Newedge pour 366 millions d'euros, les activités de crédit à la consommation à hauteur de 923 millions d'euros, et la banque de proximité à l'international, notamment en Italie, pour 921 millions d'euros. Aussi, la valeur de la participation de 20,2% détenue dans la banque portugaise Banco Espirito Santo sera dépréciée à hauteur de 267 millions d'euros. Au total, toutes ces dépréciations d’actifs représentent 2,676 milliards d'euros sur la dernière partie de l’exercice. Mais ce n’est pas tout. S’ajoutent à ces charges : à un effet négatif de 850 millions d'euros sur son produit net bancaire (PNB) lié à la réévaluation de sa dette. Tous les établissements bancaires sont logés à la même enseigne, si la valeur de marché de leur dette s’apprécie. En outre, une charge d'impôts supplémentaire de 130 millions d'euros sera également appliquée du fait de la taxe exceptionnelle sur la réserve de capitalisation des compagnies d'assurance. Un dernier élément exceptionnel marquera également le quatrième trimestre. Comme cela a été mentionné la semaine dernière par la Banque Verte, il s’agit du changement de méthode comptable au sein des caisses régionales concernant la valorisation des titres SAS La Boétie. Il entraînera un impact de 160 millions d'euros, les caisses régionales actionnaires ayant décidé de déprécier la valeur de leur participation de 56,3% dans le groupe coté en Bourse. Cette mesure a un impact direct sur les comptes de Crédit Agricole SA, la banque détient elle-même 25% de ses caisses régionales. L’ensemble de ces éléments exceptionnels atteignent donc 4,083 milliards d'euros, dont 3,233 milliards d'euros pour le bas du compte de résultats et 850 millions d'euros pour le haut.

Vers de pertes historiques ?

L'ensemble des dépréciations que Crédit Agricole s'apprête à passer dans ses comptes est le pur héritage d’une politique expansionniste. Elle a été particulièrement soutenue au début des années 2000 dans le but d’étendre l’influence de la banque notamment à l’international. Elle a racheté le grec Emporiki en 2006 et la banque italienne Cariparma en 2007. Mais le groupe s’est rapidement brûlé les ailes, la filiale grecque Emporiki a été en première ligne de la crise souveraine qui a émaillé le pays. Le Banque Verte en paie le prix fort de ses déboires grecs aujourd’hui. Crédit Agricole SA affichait, fin septembre, pour 17,4 milliards d'euros d'écarts d'acquisition. La banque avait également annoncé au début du mois de novembre une perte nette de 2,49 milliards d'euros pour les neuf premiers mois de l'année 2012, en raison notamment des pertes de la banque grecque Emporiki et de l'impact sur ses comptes de la vente pour un euro de cette filiale, aux pertes colossales. Un éventuel avertissement sur résultats pourrait être à l’ordre du jour, selon ‘Le Figaro’. Pour en savoir plus, il faudra patienter jusqu’au 20 février date de la publication des résultats de Crédit Agricole…

Le marché semble avoir intégré ses éléments, le titre Crédit Agricole évolue dans le vert ce vendredi matin sur les 7,40 euros. Le groupe tente de s’affranchir d’un lourd passé comptable, une période sombre pour lui alors que pour ne rien arranger, les investisseurs se sont s’acharnés sur le dossier, le ramenant sous les 3 euros en juin, soit un plus bas historique…Depuis, le titre reprend plus de 150%, les opérateurs se sont réconciliés avec le dossier au fur et à mesure que Crédit Agricole allait plus loin dans son « nettoyage de bilan ». L’action souffre d’une décote importante par rapport à ses fonds propres par action qui oscillent autour des 16 euros. Conserver.

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