Après s'être entretenu au téléphone avec Angela Merkel il y a quelques jours, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, sera reçu cet après-midi par François Hollande.
Officiellement pour « discuter de la situation économique de la zone euro », où il y aurait beaucoup de choses à dire, entre faiblesse de l’inflation et croissance en panne. Mais sûrement que M. Hollande va tenter de convaincre l’actuel président de la BCE, d’assouplir un peu sa politique monétaire, afin notamment de faire baisser le taux de change de l’euro, qui nuit à la compétitivité française, et redonner un coup de fouet à l’économie.
M. Draghi avait d’ailleurs penché en ce sens à Jackson Hole, lors du symposium qui réunissait les principaux banquiers centraux de la planète. Ne masquant son inquiétude face à la faiblesse des anticipations d’inflation, le patron de la BCE s’est fait remarquer en se disant prêt à "ajuster davantage" la politique monétaire en zone euro pour contenir le spectre d’une déflation. Beaucoup y ont vu un pas vers le lancement d’un programme de rachat massif d’actifs, à l’image de ce que fait la Fed aux Etats-Unis.
Or, l'Allemagne, très attachée à l'orthodoxie monétaire, est profondément hostile à l’idée d’ouvrir en grand les vannes du crédit, et s'est employée, à travers son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, à tempérer les propos tenus par Mario Draghi, assurant qu'ils avaient été "surinterprétés".
Car si la France réclame de longue date un soutien de la croissance européenne par le biais de la politique monétaire, l’Allemagne quant à elle y est farouchement opposée. Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, Mme Merkel se serait même "emparée de son téléphone pour interroger M. Draghi" pour savoir "ce qu'il avait voulu dire" dans son discours très remarqué aux Etats-Unis le 22 août, signe que l’inflexion de la politique monétaire est un dossier déterminant qui divise politiquement.
Plus que jamais, M. Draghi est attendu au tournant à quelques jours de la réunion mensuelle de politique monétaire. Chacun des deux camps va essayer de faire peser la balance en sa faveur. Mais une chose est sure, la faiblesse de l’inflation tombée à seulement 0,3% en août sur un an, ainsi que la panne de croissance généralisée dans l’union monétaire préoccupent les responsables politiques européens.