Le réveil a été dur pour Vivendi. Mais aussi pour les actionnaires. Le groupe de médias a fortement déçu, notamment sur la portée du « retour au actionnaires » après les multiples cessions réalisées depuis mi-2013.
« Les actionnaires méritent mieux »
Pour les actionnaires, Vivendi ne fera pas preuve d’une grande générosité. Le groupe piloté par Vincent Bolloré verserait un dividende de 1 euro par action au titre de l'exercice écoulé, dont 0,80 euro lié aux cessions d'actifs. Il compte maintenir cette distribution à 1 euro au titre de 2015 et 2016. En outre, Vivendi annoncé le lancement d'un plan de rachats d'actions de 2,7 milliards d'euros à un cours de 20 euros par action. Un prix qui est en-dessous du cours actuel du groupe de médias. Les critiques n’ont pas tardé à fuser chez les analystes comme Nomura, qui se dit très déçu de la politique de rétribution aux actionnaires. « Les actionnaires méritent mieux », analyse le courtier.
Vers un nouveau Vivendi
Vivendi fourbirait également ses armes pour avoir les moyens de ses ambitions en termes d’acquisitions. Il a accepté vendredi l'offre d'achat d'Altice pour sa participation résiduelle de 20% dans Numericable-SFR, une opération qui permet de récolter la somme de 3,9 milliards d’euros. Si le montant parait copieux de prime abord, la société a au final accepté une offre très décotée pour ses dernières actions Numéricable SFR à 40 euros au lieu de 55 euros actuellement, tout en renonçant au complément de prix futur qui avait été négocié.
Pour rappel, le groupe procède depuis 2012 à une grande revue stratégique de ses actifs. La mue de Vivendi s’est accélérée avec l’arrivée de Vincent Bolloré dans le capital. L'homme d'affaires en est le premier actionnaire avec 5% des parts. Pour rappel, Vincent Bolloré a fait son entrée au conseil de surveillance de Vivendi, en décembre 2012. Avec seulement ces cinq petits pourcents du capital entre ses mains, l’homme d’affaires a une réelle influence sur la stratégie du conglomérat....Adieu le Vivendi fourre-tout. Bonjour le Vivendi version média.
En septembre dernier, le groupe avait annoncé la cession de sa filiale brésilienne de téléphonie GVT à l’italien Telefonica pour 7,2 milliards d'euros en numéraire et en actions. La finalisation de l’acquisition de GVT devrait avoir lieu au cours du deuxième trimestre 2015. Ces deux opérations s’ajoutent à celles de Maroc Telecom, l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard et le spécialiste des casques et de musique en ligne Beats.
Outre le retour aux actionnaires, le reste de la montagne de cash sera destiné à asseoir les positions du nouveau Vivendi dans des pays à fort développement et à se renforcer dans le numérique.
Mise doublée
Ce sont ces multiples cessions qui ont dopé le résultat net du groupe l’an dernier. Les profits de Vivendi ont en effet été multipliés par 2,4 l'année dernière, à 4,74 milliards d'euros. Le résultat net ajusté, qui s’est apprécié pour sa part de 38% à 626 millions d'euros en 2014, devrait progresser d'environ 10% cette année, a estimé Vivendi, qui table sur une baisse de ses coûts de restructuration et de ses frais financiers. Le résultat opérationnel courant s’est en revanche contracté de 2% l'année dernière, à 1,11 milliard d'euros. Le chiffre d'affaires a pour sa part reculé de 1,6% à 10,09 milliards d'euros, pénalisé par une contre-performance d'Universal Music Group (UMG).
Pour cette année, Vivendi vise une légère progression du chiffre d'affaires, soutenue par la montée du streaming chez UMG et par les activités internationales de Groupe Canal+. Le groupe table en outre sur une marge opérationnelle courante proche de celle de 2014.
