La France repousse à 2017 son objectif de réduction du déficit public sous la limite européenne de 3% du produit intérieur brut, invoquant "une situation exceptionnelle" en Europe.
En cause, la prévision de croissance pour 2014 révisée à 0,4 % tandis que celle de 2015 est ramenée à 1 % contre 1,7 % prévu au printemps. De plus, face à une inflation désespérément basse ( prévision pour la France révisée à - 0,5 % en 2014 et + 0,9 % en 2015), le déficit public devrait se situer à 4,4 % du PIB (au lieu des 3,6 % prévus dans la loi de finances puis des 3,8 % prévus dans la loi de finances rectificative), contre 4,3 % en 2013.
Il devrait progressivement décroître à 4,3% en 2015 et passer sous le seuil de 3% en 2017.
Le gouvernement tablait initialement sur un déficit public ramené à 3,8% du PIB cette année et chutant à 3% l'an prochain.
Mais ce scénario est perturbé par ce que M. Sapin a qualifié de "situation exceptionnelle" de l'économie en zone euro, "marquée par une croissance très faible cumulée avec un ralentissement de l'inflation que personne n'avait anticipé".
En employant les mots de "situation exceptionnelle", terminologie qui selon les traités européens permet de déroger aux objectifs budgétaires, M. Sapin a adressé un message implicite à la Commission européenne.
A contrario, la chancelière Angela Merkel s'est dite "fière" des performances budgétaires de son pays, et a réclamé que les Européens respectent "enfin" les règles qu'ils se sont fixées, alors que Paris a annoncé un dérapage de ses finances publiques.
"Nous pouvons être fiers", a déclaré Mme Merkel qui intervenait devant les députés du Bundestag. La chambre basse du parlement allemand doit voter vendredi le projet de budget 2015, qui prévoit un équilibre au niveau fédéral pour la première fois depuis 1969.